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Triste pays.
On ne peut s’empêcher de se dire que ce film aurait pu être beaucoup mieux avec un sujet pareil, en plein dans l’actualité du moment dans certains endroits du monde. En effet, on part d’un postulat d’anticipation selon lequel un gouvernement extrémiste serait arrivé au pouvoir au Canada, conspuant les immigrants et fermant les frontières à tout étranger et/ou réfugié. Entre la montée des populismes, celle des extrêmes et la crise sanitaire refermant les pays sur eux-mêmes, on peut dire que c’est une thématique très brûlante. Et donc passionnante! Malheureusement, « Le meilleur pays au monde » ne réussit pas à transformer son idée en film pleinement réussi. Dommage, d’autant plus que l’ironie cinglante du titre fait référence aux divers classements mettant le pays à la feuille d’érable régulièrement sur le podium ou en première place des meilleurs pays pour la qualité de vie et l’immigration...
Les possibilités étaient infinies avec une idée comme celle-là. On pouvait s’attendre à un drame puissant et déchirant, à un pamphlet contestataire ou encore à une comédie à l’humour pince-sans-rire voire à un plaidoyer pour la diversité. Ou peut-être à un peu de tout ça... Et c’est le ressenti que l’on a par l’entremise de plusieurs scènes. Mais il y a aussi beaucoup de vide et de longueurs inutiles et, surtout, une sous-intrigue presque inutile et hors sujet qui vient phagocyter l’ensemble. Comme si Ky Nam le Duc avait eu peur de son sujet hautement polémique et qu’il avait tiré à la ligne par peur de froisser son public. Ou de s’en mettre une partie à dos. La première séquence est équivoque et donne le la avec ces mexicains traversant la frontière avant qu’elle ne ferme et qui parlent de poutine. Les suivantes qui présentent les personnages principaux également, faisant même ressortir une tension étrange via la grisaille ambiante et des notes de musique peu engageantes. En fond, la potentielle montée dans les sondages d’un parti extrémiste fait peur. Puis tout se dilue entre scènes et dialogues passionnants et ronronnements narratifs plus marqués.
Le réalisateur, qui fait plus pencher son intrigue sur la recherche de la mère réfugiée sans papier qui a abandonné son fils au duo principal composé d’un père vietnamien et de son beau-fils, nous désintéresse. Alors qu’il y avait tellement de choses à dire sur l’immigration, la vision biaisée du Canada pour les étrangers ou encore le danger des extrêmes. Plus le film avance, plus on le droit à un petit drame du quotidien bien moins emballant. Ensuite, « Le meilleur pays au monde » est très contemplatif, trop même, et se perd en plans inutilement longs (voir le plan final). En revanche, le fait de montrer un Canada hivernal, avec des images ternes et tristes (mais soignées), est en adéquation avec le propos et l’ambiance générale du film. Et on retiendra quelques merveilleux échanges sur le passé, la peur de l’étranger et les espoirs brisés entre deux superbes acteurs que sont Nguyen Tanh Tri et Michaël Gouin.
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