Rédiger une critique
Vous devez être connecté pour pouvoir rédiger une critique.
Guantanamo trial.
Kevin Mc Donald s’est fait connaître avec le film à succès entre documentaire et fiction « La Mort suspendue ». Depuis il alterne les deux : documentaires couverts de récompenses comme « Whitney » et films tout aussi auréolés de louanges tels que « Le dernier roi d’Ecosse ». Ici, il se pare d’une grosse base documentée pour son long-métrage de cinéma puisqu’il est tiré de faits réels et adapté d’un roman écrit par le personnage principal. Un homme venu de Mauritanie injustement kidnappé puis emprisonné et torturé dans la fameuse prison de Guantanamo d’où il sortira libre près de quinze ans plus tard après une foultitude d’enquêtes et de procès. « The Mauritanian » suit donc deux lignes narratives distinctes. D’abord le chemin de croix d’une avocate défendant à la fois un client injustement désigné coupable. Mais aussi le droit d’être jugé de manière équitable avec la présomption d’innocence en étendard au sein d’un tourbillon d’arrestation arbitraires censées punir les présumés responsables des attentats du 11 septembre 2001. Ensuite et également, en flashbacks, le supplice de ce prisonnier sous des séances de tortures inhumaines et contraires aux droits de l’homme qui montre l’enfer de Guantanamo de manière édifiante mais peu étonnante. Le montage est attendu mais habile puisqu’il entrecoupe ces dernières scènes de manière efficace avec celles de l’investigation judiciaire. Sur deux heures on n’a pas le temps de s’ennuyer et on sent le passé de documentariste de Mc Donald dans les nombreux détails et faits qui nous sont présentés.
Il faut avouer que pour qui n’est pas un as du droit américain tout cela peut paraître touffu, notamment avec la notion de « l’habeas » et toutes les embûches judiciaires subies par les avocats de Slahi. Mais McDonald parvient à vulgariser cela pour ne pas perdre le spectateur ou que celui-ci se noie dans des détails juridiques qui, au final, ne nuisent pas à l’intrigue générale. Il a su réunir un sacré casting qui fait des merveilles sans pour autant nous bluffer. Tahar Rahim fait figure de favori aux Oscars. Certes, il est bon mais on a déjà vu prestation du genre encore plus puissante (au hasard Sean Penn dans « La dernière marche » si on reste dans les films de prison). Jodie Foster et Benedict Cumbertach font office de partenaires de choix et seule Shailene Woodley semble un peu perdue avec tous ses talents dans un rôle plus ingrat. « The Mauritanian » est carré, réussi et prenant de bout en bout mais il passe après le tout aussi qualitatif « Zero Dark Thirty ». On est donc moins choqué et révolté que prévu par ce récit injuste et écœurant, les pratiques d’interrogatoires des militaires américains ayant fuité dans d’autres films et surtout dans les infos. On est donc face à un film de qualité, calibré pour les récompenses mais qui ne surprend pas autant qu’on l’aurait voulu. Le suspense est là, le plaisir aussi mais la surprise un peu moins.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.