J'adore les films qui parviennent à emplir le spectateur d'une joie immense, comme un excès de bonheur et d'espérance qui nous frappe de plein fouet, souvent sans préavis. Les comédies musicales possèdent souvent ce genre d'intensité qui nous transporte et égaye nos coeurs de cinéphiles pendant de nombreuses minutes. The Greatest Showman renferme quelques défauts, mais il porte en lui cette énergie, cette potion magique hollywoodienne qui nous fait oublier ses lacunes et qui nous donne envie de danser avec les éléphants et nous lier d'amitié avec la femme à barbe.
La trame sonore de The Greatest Showman est exaltante, inspirante et drôlement efficace. Impossible de ne pas ressentir un sentiment certain d'invincibilité en entendant Hugh Jackman entonner :
« Look out 'cause here I come
And I'm marching on to the beat I drum
I'm not scared to be seen
I make no apologies, this is me »
Les chansons sont nombreuses, mais elles s'avèrent assez bien intégrées au récit principal. À noter que, dans la version française, les pièces musicales n'ont pas été traduites, mais plutôt sous-titrées, une chose qu'on apprécie beaucoup. Les acteurs, qui campent des rôles crédibles et attachants, se débrouillent particulièrement bien dans les segments chantés. Hugh Jackman (qui nous avait éblouis dans Les Misérables) est à couper le souffle et Michelle Williams nous émeut par la douceur et la sincérité de sa voix. Zac Efron est également assez convaincant dans le rôle d'un auteur de théâtre qui abandonne son rang et sa réputation pour un peu de bonheur. Le jeune premier de High School Musical n'a rien perdu de sa puissance vocale et de son charisme envoûtant.
Les chorégraphies en mettent aussi plein la vue (notons cette scène époustouflante dans le bar entre Jackman et Efron qui est d'une synchronisation impressionnante et qui rappelle l'un des bons moments d'Ave, César! des frères Coen), tout comme les costumes flamboyants et les décors colossaux.
Il y a bien peu de négatif à soulever en ce qui concerne le contenant, c'est davantage au niveau du contenu que le bât blesse. La trame narrative entre les chansons manque de substance. Cette histoire d'un homme qui, en voulant s'enrichir, crée un univers baroque qui attire les foules n'est pas suffisamment captivante pour maintenir le public en haleine et engendrer ce même sentiment d'invulnérabilité qu'apportent les séquences musicales. Les scénaristes n'arrivent pas non plus à éviter le cliché, ce qui laisse un goût amer sur la langue des friands de comédies musicales.
Heureusement, le tout se termine sur une chanson rassembleuse qui nous lance une poudre aux yeux qu'on accueille sans rechigner. Pourquoi bouder son plaisir?