« Écris donc ce que tu as vu, ce qui est, et ce qui doit arriver ensuite. » (Apocalypse chapitre 1, verset 19)
Encore un film post-apocalyptique... L'extinction est-elle une peur si importante dans l'esprit des hommes qu'elle se doit d'occuper bon nombre de scénarios, de textes littéraires, ou est-elle simplement un sujet captivant et monétairement exploitable? Peu importe. Visuellement riche et sustentateur de réflexions intéressantes sur la foi et l'honneur, le film des frères Hughes mérite qu'on s'y attarde, même si ce n'est que pour les scènes d'action - généralement - bien construites et l'animosité de ce monde en décrépitude qu'ils nous décrivent.
Elie marche depuis plus de trente ans, depuis l'explosion qui a plongé le monde dans un univers de sable et de néant. Il transporte avec lui un livre très précieux à ses yeux, un bouquin pour lequel il sacrifierait sa vie. De passage dans une petite ville en reconstruction, il rencontre Carnegie, l'un des survivants du cataclysme, qui rêve de la puissance que pourrait lui apporter le livre d'Elie. Carnegie part donc à ses trousses, avec son armée, pour tenter de lui voler son bien le plus cher.
Le catholicisme est une vertu importante, voire essentielle, dans l'oeuvre scénarisée par Gary Whitta. On nous parle de cette religion comme si elle était la solution irrévocable au salut des hommes. Précepte plutôt dérangeant en amont, certes, mais le christianisme est-il pire que les idéaux pacifistes proférés par les bouddhistes ou, simplement, l'utopie de puissance face au système capitalisme? Mais parler avec transparence de Dieu comme du rédempteur face à la débâcle humaine frappe sans équivoque nos esprits (d'amendements) raisonnables.
Les raisons de l'apocalypse sont sous-entendues; on nous suggère une guerre de religion, une vengeance de Dieu face à la sottise humaine, mais rien de concret - on laisse le spectateur présager les circonstances de sa perte. Les dialogues font figure de rareté, on glisse certains psaumes, quelques réflexions superficielles - inhérentes au film d'action -, mais la plupart du long métrage est baigné par un silence plutôt déroutant. Gary Oldman est assez efficace dans le rôle du méchant en quête désespérée de pouvoir, mais Denzel Washington donne quant à lui une performance plutôt fade, en comparaison au talent qu'on lui connaît. Mila Kunis, toujours aussi charismatique (mais trop propre et bien habillée pour l'époque de terreur dans laquelle elle vit), livre un jeu sobre et pourtant compétent.
Le grain sépia de l'image dépeint honnêtement le délabrement d'un monde en ruine. La qualité visuelle n'est pas négligeable, malgré certains passages utilisant « l'écran vert » à outrance. Les combats, en dépit de leur brutalité et leur manque de réalisme, sont réalisés avec une certaine audace - utilisant l'ombre comme censure ou l'assurance comme bouclier.
Même si certaines aberrations parsèment le récit (alors que ses lunettes sont en décrépitude, on peut toujours voir le logo d'Oakley – non mais c'est-tu ben faite la vie), sa qualité réflexive et sa force silencieuse nous proposent une nuance dans le cinéma américain, un espoir à l'abrutissement peut-être.
Que la paix soit avec vous et avec votre esprit. Amen.
Même si certaines aberrations parsèment le récit, sa qualité réflexive et sa force silencieuse nous proposent une nuance dans le cinéma américain, un espoir à l'abrutissement peut-être.
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