Après sa superbe adaptation en prises de vue réelles de son film d'animation Cendrillon, Disney remet ça cette année avec Le livre de la jungle (et poursuivra son oeuvre l'an prochain avec La belle et la bête). Le résultat est aussi impressionnant que celui de la princesse à la chaussure de verre.
C'est d'abord la qualité des effets spéciaux et le visuel plus vrai que nature qui nous stupéfient. Dès les premières images, on comprend le bond de géant qu'a fait la technologie (merci à James Cameron et son Avatar) au cours des dernières années. Le poil des animaux, leurs moustaches, leurs mouvements fluides ainsi que leurs faciès - presque humains - étonnent et c'est sans parler de cette reconstitution en images de synthèse d'une jungle luxuriante qui donne envie aux spectateurs de quitter leurs sièges de cinéma pour courir avec Mowgli de liane en liane.
Le jeune Neel Sethi est particulièrement habile dans le rôle principal. Il faut savoir que l'acteur devait s'imaginer la plupart des éléments du décor. Il n'avait que quelques branches en plastique et des peluches sans tête pour s'imprégner de l'environnement dans lequel évoluait son personnage. En connaissance de cause, on ne peut que saluer l'imagination de l'interprète!
Alors qu'aux États-Unis, Bill Murray, Scarlett Johansson et Christopher Walken prêtaient leurs voix à certains protagonistes animés, au Québec l'équipe de Disney a eu recours à l'humoriste Laurent Paquin, à l'auteure-compositrice-interprète Ariane Moffatt ainsi qu'à l'acteur Normand D'Amour. Alors qu'il faut quelques minutes avant d'oublier Paquin derrière l'ours brun qu'est Baloo, Moffatt et D'Amour - qui, disons-le quand même, ont des personnages bien moins centraux - accomplissent leur mission avec panache.
Alors que généralement la stéréoscopie brime davantage l'expérience cinématographique qu'elle la complète, le 3D s'avère ici utile et performant. L'effet de profondeur est exploité à meilleur escient que dans la plupart des productions du même type. De la boue dans l'image qui nous fait cligner des yeux ou une menace arrivant en perspective ajoutent une autre dimension au film et améliore l'expérience globale.
L'intensité de la production est irréfutable. Bien qu'on aurait aimé avoir davantage de ces instants enjoués et de ces personnages allègres comme Baloo ou ce petit porc-épic pimpant qui se démène pour se terrer avec l'averse, les séquences d'action sont fort bien menées et nous amènent à nous ranger rapidement derrière le héros. Les plus petits craindront probablement le tigre Shere Khan - qui donne froid dans le dos avec ses cicatrices et sa quête toujours inassouvie de vengeance - et le serpent Kaa qui agit sournoisement. Même chose pour le Roi Louie, cupide et insatiable, qui est présenté de façon plutôt effrayante, caché dans l'ombre et suivi par une armée de primates malveillants. Heureusement qu'il y a le paresseux Baloo pour compenser.
Comme le dit si bien la chanson de celui-ci : « Il en faut peu pour être heureux », et ce film est un petit bonheur en soi, aussi bon que « quelques rayons de miel et de soleil ».