The Equalizer, c'est Denzel Washington qui pète des faces et botte des culs. Il ne faut pas s'attendre à plus parce qu'on risque d'être fortement déçu. Peut-être est-ce mon côté féminin qui m'empêche d'apprécier l'«art» des combats à sa juste valeur (j'avais la même impression d'avoir manqué quelque chose lorsque les premières critiques positives de The Mechanic était sorti en 2011 et qu'il s'agissait, à mes yeux, de l'une des pires productions des dernières années), ou peut-être est-ce cette histoire de l'ancien policier/agent gouvernemental qui se recycle en détective privé/mercenaire qui m'ennuie maintenant que je l'ai vu dans plus d'une centaine de films différents.
Même si on nous présente le personnage de Chloë Grace Moretz dans les publicités comme un protagoniste, on a tôt fait de réaliser qu'il n'y a que Washington qui peut bénéficier de ce titre dans le film d'action. Les personnages secondaires sont des plus secondaires ici. L'attachement n'est visiblement pas le sentiment que l'on tente d'insuffler au public. Il y a les méchants Russes (parce que si ce n'était pas des Russes, ce ne serait pas pareil) qui tombent l'un après l'autre sous les balles et les coups du héros, et les prostitués, exploitées, torturées et assassinées par ces mêmes méchants Russes. Rien de très original qui nous permettrait de légitimer un intérêt majeur pour la production. Il y a peut-être ces employés d'une quincaillerie à grande surface, un peu benêts, qui se retrouvent inopinément les cibles de proxénètes soviétiques, qui viennent mettre un peu de couleurs à ce long métrage conventionnel, mais nous ne sommes pas ici en présence d'une originalité débordante.
On a l'impression qu'avec The Equalizer, Sony a tenté de revenir à une forme plus primitive du film d'action, classique aux années 1980, qui mettait en scène un héros badass, des pitounes, des fusils et des techniques de combat et de torture alambiquées. Denzel Washington fait quand même un bon travail en avant-scène. Ce rôle ne lui permettra pas de remporter un second Oscar (il a d'ailleurs gagné sa précieuse statuette dans un film du même réalisateur; Antoine Fuqua, en 2002), mais avouons qu'il a la carrure et la contenance de l'emploi. Marton Csokas est, de son côté, le parfait méchant; son regard et son calme déroutant donnent la chair de poule. C'est d'ailleurs l'un des aspects positifs de cette production; sa passivité. Les personnages ne se heurtent jamais à une frénésie démesurée, ils sont toujours en contrôle et c'est justement cette aphasie qui déroute et intrigue.
La film est aussi marqué par sa violence omniprésente et très concrète. Au Québec, le long métrage a été classé 16 ans et plus/violence, une cote plutôt rare au sein d'un cinéma de divertissement grand public. The Equalizer ne se cache effectivement jamais pour montrer les répercussions de ses gestes de violences. Le sang coule à flots et les os sont fracassés sans ménagement. L'atmosphère étouffante et oppressante qui règne au sein de la production, accompagnée par une cinématographique sombre et mélancolique, concorde parfaitement avec son sujet et ses visées de film noir.
Même si The Equalizer est ni plus ni moins Denzel Washington qui pète des faces et botte des culs, il faut avouer qu'il le fait avec classe et attitude.