Il y a deux grands acteurs américains sur l'affiche de The Judge - Robert Downey Jr. et Robert Duval. C'est la seule chose que les producteurs du film aimeraient que vous sachiez; deux acteurs charismatiques et appréciés, une formule gagnante au box-office. Les bandes-annonces en disent le moins possible car l'équation est simple, sauf que, bien sûr, c'est un peu plus compliqué (le film fait 2h22, l'auriez-vous deviné?). D'abord parce que le long métrage est beaucoup plus ambitieux que cela, n'hésitant pas à multiplier les récits et les révélations à la manière d'une grande fresque familiale. Et c'est là qu'il perd au change.
Les thématiques, sombres et complexes, vont d'une réflexion (élémentaire) sur l'idée de justice à la maladie, en passant par les rancoeurs familiales, l'alcoolisme et la paternité. Les thèmes sont toutefois divisés en blocs plus ou moins homogènes qui ne forment pas un récit véritablement cohérent. On a sans cesse l'impression de passer de l'un à l'autre comme dans une série-télé (chacun son tour) et de nombreux thèmes sont abandonnés en cours de route. Les moments véritablement convaincants sont donc rares et la finale déçoit par son aspect consensuel.
David Dobkin, un réalisateur qui se consacre habituellement à la comédie (Wedding Crashers), s'acquitte ici de sa tâche le plus simplement possible, sans artifices, sans inventivité mais avec compétence. Il laisse les acteurs faire leur numéro et s'assure qu'on comprenne assez bien les enjeux, c'est tout. En ce sens, il fait un bon travail, quoiqu'un récit de ce genre a besoin de plus d'envergure, de panache. D'autant qu'il y a tellement d'exemples de fresques familiales qui tirent vers l'épique.
Il est toutefois inconcevable - voire même inacceptable - qu'un film de cet acabit présente des effets spéciaux aussi exécrables, premièrement parce qu'il n'en avait pas besoin (pas de vaisseau spatial ici, juste Robert Downey Jr. qui n'avait pas le temps d'aller filmer un tour de voiture dans la campagne) et deuxièmement parce qu'il n'est pas si difficile de réussir un écran vert, en tout cas mieux que dans The Judge. Vraiment, on s'explique mal pourquoi quelque chose d'aussi simple (du moins pour un film de cette envergure) a été si bâclé.
Au final, aussi bien dire qu'on va voir The Judge exclusivement pour ses acteurs. Sauf que le problème il est aussi là : ils ne sont pas si bons. Pas mauvais non plus, pas exactement, mais disons qu'ils ont tous déjà impressionné davantage dans d'autres rôles. Symptôme assez évocateur d'un film qui, s'il semble se contenter de bien faire ce qu'il fait, manque certainement d'ambition pour rendre justice (pas de jeu de mot) à son récit.