Le personnage principal manque de saveur et l'histoire de mordant; même Scarlett Johansson ne peut sauver le film de sa mièvrerie intellectuelle. Pas assez de piquant, pas assez d'intérêt. Ce qui se devait d'être ironie n'est qu'humour peu inspiré, ce qui se devait d'être satirique est très semblable à une exposition dans un musée : immobile et stéréotypé. Même les bons sentiments promis par ce film apparemment amical sont dans le même ton.
Annie Braddock vient d'obtenir son diplôme et devrait amorcer une brillante carrière. Sauf que par un concours de circonstances, elle se fait offrir le poste de nanny d'un jeune garçon de l'Upper East Side, à Manhattan, où Madame X., la patronne et mère absente du petit Grayer, se croit tout permis.
À travers une narration un peu monotone coupée par quelques séquences lyriques peu convaincantes, le film tente d'examiner à la manière d'un anthropologue la vie des citadins new-yorkais. Et par la bande, le film aborde les relations amicales, amoureuses et familiales sans les explorer vraiment, d'autant que la plupart des dialogues ne quittent pas les stéréotypes. Même les personnages sont présentés simplement, et les quelques petites nouveautés ne font pas le poids face à l'accablante suite de clichés. Ce qui mène inévitablement à l'ennui devant des situations qui, au fond, ne prendraient que quelques secondes à régler pour peu qu'on s'en donne la peine.
Le charisme de Scarlett Johansson trouve ici tout l'écho nécessaire, dans un film où elle est de toutes les scènes, mais le manque de profondeur de son personnage est vite dévoilé et vient miner l'aventure. Une jeune femme plus forte et mieux assumée aurait pu donner des grandes scènes de disputes, un peu comme ce que la conclusion se permet de présenter. Parce que les quelques tâches que doit accomplir Annie, en plus d'être redondantes, ne sont pas très intéressantes.
Quelques moments de complicité entre la nanny et le jeune garçon font bien quelques étincelles, mais ils sont si courts que le tout est vite oublié et remplacé par une douteuse analyse de société qui tombe dans le piège des clichés. Pas seulement dans son analyse des habitants de New York, ce qui aurait été relativement acceptable, mais aussi dans ses relations interpersonnelles où la belle fille rencontre un beau gars, mais hésite à s'engager pour toutes sortes de raisons. De quoi attendrir les plus compréhensifs, et frustrer tous les autres.
Le journal d'une nanny est un film mignon qui, en tant que divertissement léger, a ses bons moments. Mais l'éventail exagéré de ses sujets et ses opporunités ratées déçoivent encore plus que le manque pur et simple de charisme du film. Une interprétation plus énergique n'aurait pas nui, des personnages secondaires plus complets non plus, mais c'est dès le départ que le film s'est embourbé : la vie des gens riches n'a d'intérêt que si on la traite avec satire bien sentie.
Le journal d'une nanny est un film mignon qui, en tant que divertissement léger, a ses bons moments. Mais l'éventail exagéré de ses sujets et ses opporunités ratées déçoivent encore plus que le manque pur et simple de charisme du film. Une interprétation plus énergique n'aurait pas nui, des personnages secondaires plus complets non plus, mais c'est dès le départ que le film s'est embourbé : la vie des gens riches n'a d'intérêt que si on la traite avec satire bien sentie.