Depuis le premier chapitre de Hobbit qu'on insiste sur le fait que ce livre, dont est inspirée la nouvelle trilogie de Peter Jackson, s'adressait à l'origine aux enfants, et que le Seigneur des Anneaux, qui a son lot de fans invétérés, était davantage destiné aux adultes. Le réalisateur n'a eu d'autres choix que de faire transparaître dans son film l'espièglerie qui régnait dans le roman éponyme de J.R.R. Tolkien. Donc, oui, dans cette trilogie il y a des chansons, des araignées géantes et des descentes de rivières en tonneaux... Et il y a aussi des guerres moins violentes et belliqueuses que dans le Seigneur des Anneaux.
Comme il ne restait plus que ce passage à raconter, que cette bataille à illustrer, nous savions à quoi nous attendre pour ce dernier chapitre de Hobbit, mais, même si nous étions conscients des visées plus ingénues de cette rivalité Elfes-Hommes-Nains-Gobelins-Wargs, nous aurions espéré un peu plus de sérieux. Le conflit est mal dépeint d'une part parce qu'il s'efforce d'être comique. En gardant toujours en tête l'orientation enfantine du discours, il aurait été possible de faire un champ de bataille mordant sans qu'il devienne une boucherie. Le nain qui élimine les orques les uns après les autres avec des coups de tête n'a d'autres fonctions que de dérider son public. Et on ne parle pas ici de ce personnage d'Alfrid, si désagréable qu'on espérait qu'il meure dans d'atroces souffrances dès les premières minutes. Il est acceptable, voire profitable, d'avoir ce genre de personnage comique dans d'autres genres de films, mais ici, seul dans son univers vaudevillesque, Alfrid casse le rythme de l'histoire et fait figure d'anachronisme.
L'introduction possède aussi des failles évidentes. Sans vouloir trop en révéler, disons qu'on a l'impression de voir la finale du film précédent plutôt que l'avant-propos d'une nouvelle histoire. On comprend que Jackson a voulu nous laisser sur une note intrigante lors du second chapitre, et probablement qu'en les écoutant l'un à la suite de l'autre, la cassure n'est pas aussi flagrante, mais si on considère cet opus comme un tout, son exorde est ridicule.
Parlons maintenant Tauriel... J'avoue ne pas comprendre exactement ce que Jaskcon a voulu faire en ajoutant ce personnage au récit initial de Hobbit. Pour l'amour? Pour qu'il y ait dans cette histoire, très masculine, un peu de romantisme afin d'atteindre un public féminin? Peut-être, c'est du moins la réponse la plus évidente, mais on ne peut s'empêcher de constater l'inutilité de la femme elfe au sein de cette intrigue. Son destin ne nous importe peu, même ses pertes et ses échecs ne nous émeuvent pas. Un ajout inutile qui dénature, en partie, l'histoire principale.
Il n'y a pas que du mauvais par contre dans The Hobbit: The Battle of the Five Armies; la plupart des effets spéciaux sont fabuleux (parce que oui, même à ce niveau-là il y a quelques défaillances), les acteurs livrent des performances honnêtes et justes, et on arrive assez bien à nous faire entrer dans cet univers fantastique - plutôt hermétique - de Tolkien. Mais, malheureusement, cette ultime bataille représente le film le moins efficace de la nouvelle trilogie.