À une période de l'année où les superproductions se suivent et se ressemblent, un film simple et posé comme Le goût des merveilles fait l'effet d'une brise rafraîchissante.
Il n'y avait pourtant rien de gagné. Cette histoire d'amitié entre une veuve qui se bat pour sauver ses arbres et un homme qui souffre du syndrome d'Asperger aurait pu être cucul la praline ou, pire encore, collant comme un mélo sirupeux. Une sorte de Huitième jour remis au goût du jour. Surtout qu'il est réalisé par un certain Éric Besnard qui a une feuille de route peu reluisante avec Mes héros, 600 kilos d'or pur et autres Ca$h.
Les astres semblent s'être alignés parce que le long métrage est loin d'être déplaisant. Bien sûr, il n'y a rien ici pour marquer les esprits outre mesure. Le récit est prévisible et parsemé de bons sentiments, avec des personnages périphériques mal développés et des dialogues souvent chargés qui sont moralisateurs et trop explicatifs.
Une réelle finesse se dégage de ce conte qui est à la fois délicat et réconfortant. Un désir de vivre dans le moment présent, de humer et de toucher ce qui se trouve autour de nous. Un regard sincère sur ces gens vertueux qui aspirent au bonheur et qui s'entraident pour y arriver. Un ton sensible et sans trop de mièvrerie qui célèbre subtilement les vertus de la terre et de la différence.
Tout cela est vécu à travers deux beaux personnages qui font des étincelles lorsqu'ils se retrouvent ensemble. Après un nombre incalculable de mauvaises comédies romantiques comme Une famille à louer et 20 ans d'écart, l'exquise Virginie Efira trouve enfin un rôle qui met son talent en valeur. L'actrice offre une performance chaleureuse et elle forme un duo particulièrement attachant avec le trop peu connu Benjamin Lavernhe (aperçu dans le jouissif Comme un avion) qui est une véritable révélation dans la peau de ce jeune homme vulnérable et émouvant qui ne singe jamais l'autisme.
On note au passage un véritable travail de mise en scène dans cette façon de toujours élever les paysages et de plonger les êtres dans un flux de lumière et d'odeurs. Éric Besnard n'est évidemment pas Terrence Malick, ce qui ne l'empêche pas de capter la magnificence de la nature. Il le fait avec humour et tendresse, se permettant même un clin d'oeil à Forrest Gump. Sa trame sonore extrêmement mélodique offre d'étonnantes envolées lyriques, lorgnant parfois le travail de Philip Glass sur la trilogie des Quatsi.
Récompensé au Festival Cinemania de 2015, Le goût des merveilles est un feel-good movie qui se rapproche davantage du Fabuleux destin d'Amélie Poulain que de Rain Man. Un petit film sans cynisme ni prétention qui rend le coeur plus léger.