D'innombrables films mettant en vedette des animaux parlant ont pris l'affiche sur nos écrans ces vingts dernières années, et jamais ils ne se sont révélés des succès fulgurants. George of the Jungle avait tout de même conquis quelques familles à l'été 1997 (le long métrage avait amassé 105 millions $ en Amérique du Nord), mais la plupart de ces oeuvres sont facilement éclipsées par les blockbusters estivaux ou les productions hollywoodiennes à gros budget. L'animation avait, depuis un certain temps, détrôné ces bestioles plus vraies que natures qui s'expriment par quelques mouvements grossiers de mâchoire et à l'écoute de Zookeeper ont comprend très bien pourquoi la technologie l'a cette fois emporté sur les vieilles pratiques. Les animaux du zoo sont ici très peu crédibles. On peut certes défendre l'oeuvre en présumant que le réalisme n'était pas une donnée primordiale à son efficacité, mais l'histoire est si ridicule, le récit si insensé, que l'on ne peut que constater et encaisser son inexorable échec.
Souvent, on pardonne partiellement l'impertinence du scénario en raison de l'idée de base qui nous semblait intéressante, nouvelle. Ici, même les prémisses sont assommantes et sombrent rapidement dans le ridicule. Pour séduire celle qu'il aime (une belle femme sans cervelle qui croit pouvoir aisément le manipuler), Griffin, le gardien du zoo en chef, décide d'écouter les conseils des bêtes qui peuplent le parc zoologique. On y retrouve tous les clichés traditionnels; le loup lui dit de délimiter son territoire en urinant dans les plantes, les ours lui proposent une approche plus agressive alors que la lionne lui suggère de provoquer la jalousie de son aspirante (je ne crois pas que les lionnes se pavanent avec d'autres lions dans la savane pour rendre envieux leur amoureux, mais bon...). Peut-être que les chamailleries des deux ours ou les désaccords récurrents du roi de la jungle et de son épouse peuvent réussir à faire sourire certains spectateurs plus aisément conquis, mais la plupart des blagues sont d'une aberration et d'une prévisibilité telle que même l'enfant n'y trouvera aucun intérêt.
Le récit ne referme aucun véritable opposant; nous n'aimons pas, bien sûr, le nouveau copain de Stephanie et le gardien du zoo qui maltraite les animaux nous répugne d'emblée mais il n'y a aucun ennemi redoutable qu'on voudrait voir détruit, vaincu. Kevin James ne représente pas non plus ce héros charismatique auquel on peut s'attacher. Le problème ne vient pas d'une interprétation malhabile ou d'un casting inadéquat, c'est plutôt l'ensemble - mal rythmé, mal construit, mal développé - de l'oeuvre qui rend la performance de James si anonyme. Ce dernier n'a, de plus, aucune chimie avec ses collègues féminines (Rosario Dawson et Leslie Bibb). Ce qui nous fait contester très rapidement la plausibilité de ces histoires d'amour.
La sortie en salle de Zookeeper a été retardée à plusieurs reprises - certains disaient que c'était améliorer la qualité des effets spéciaux alors que d'autres prétendaient qu'ils resserraient le scénario, deux choses pourtant absentes dans cette production -, et même si on a visiblement tenté de sauver l'oeuvre du désastre, il semble que le naufrage était inévitable.