The Founder n'est pas un drame biographique comme les autres. Il est porté par une ambition malsaine et un appétit mercantile pervers qui dépasse le grand M jaune. Le film de John Lee Hancock nous amène à réfléchir sur ce qu'est la réussite et l'accomplissement du grand rêve américain.
The Founder nous dépeint l'histoire de ces deux frères, Richard et Maurice McDonald, qui ont inventé le concept de « restauration rapide » puis se sont fait flouer par un vendeur de l'Illinois du nom de Ray Croc, qui arrive à convaincre les frères de franchiser leur commerce. À force de persévérance et d'arrogance, Ray persuada Dic et Mac de lui vendre la propriété intellectuelle McDonald en ne laissant qu'un chèque et beaucoup de regrets.
Le long métrage parvient à nous faire ressentir énormément d'empathie pour ces deux entrepreneurs, un peu bonasses, qui se sont évertués à faire respecter leurs valeurs et leurs idéologies dans une entreprise, qu'ils se sont vus dérober par un cupide requin.
Malgré l'avarice et la cruauté de son personnage, Michael Keaton parvient à retenir l'attention - et une forme de compassion - du public jusqu'à la fin. Son interprétation, brute et sans compromis, engendre des rires et une réflexion profonde. Le comportement de Ray Croc est, parfois, tellement typé et ses réactions tellement excessives que le film verse souvent dans la comédie (noire). Ce capitaliste impénitent est fascinant, malgré ses valeurs fascistes. Celui qui voulait que McDonald devienne « la nouvelle église américaine », nous montre comment la persévérance et la cupidité peuvent avoir raison de l'imagination et l'ingéniosité.
La réalisation est au service de ce personnage principal coloré et pompeux. Elle nous entraine dans les coulisses de la création d'une multinationale prospère avec doigté et intelligence. La direction artistique fait également un travail exceptionnel, tant au niveau de la reconstitution historique (le tout se déroule dans les années 50) que du point de vue des costumes et des décors, très très près des images d'archive.
Le film devient peut-être un peu plus laborieux au trois quarts, alors que Croc tente de convaincre de nouveaux franchisés de se joindre à l'aventure, mais l'intérêt revient rapidement, quand le vendeur décide de duper les frères McDonald.
Satire du monde capitaliste, The Founder nous amène à poser un regard différent sur un trio Big Mac. Savoir qu'à la base, cette chaîne de restauration rapide n'était que deux frères passionnés, soucieux d'offrir des produits de qualité et un endroit propre et chaleureux où les déguster est fascinant et étonnant. Le film nous propose, une fois l'histoire fictive conclue, une série de photos et de commentaires sur les vraies personnes dépeintes dans le long métrage. Ceux-ci nous permettent d'autant plus de cogiter sur ce pervers monde des affaires, réservé aux obstinés.