Les Lego ont bercé l'enfance de plusieurs d'entre nous et continuent d'être le jouet de prédilection de bien des enfants d'aujourd'hui. Faire un long métrage inspiré de cet univers de blocs de plastique était pourtant audacieux et risqué puisqu'il n'existe pas qu'une histoire reliée à ces petits bonshommes jaunes qu'on peut déguiser à sa guise en fonction de son humeur et du monde qu'on veut construire. Ces énormes possibilités narratives avaient, pourtant, de quoi inspirer les scénaristes. Mais, comme trop de choix est parfois aussi dangereux qu'aucun, The Lego Movie se jette dans tous les sens, ne voulant omettre aucun détail à son excentrique trame narrative.
Les personnages se déplacent de la ville au Far West, sur un bateau de pirates jusque sous l'eau, pour finir dans un paradis artificiel rempli d'arc-en-ciel et licornes colorées. On retrouve dans chacun de ces « mondes » un flash intéressant, une bonne idée qui nous fait sourire en tant qu'adulte et qui plaît également aux enfants, mais ce ne sont pas ces quelques répliques ou situations loufoques qui nous permettent de juger de la qualité globale de l'oeuvre. L'ensemble s'avère plutôt brouillon, et la chose s'empire lorsque les humains (les véritables « constructeurs ») s'en mêlent. Cette intégration d'action réelle dans un film d'animation (et surtout de la manière dont c'est amené ici) est une technique qui nous rappelle des oeuvres des années 1990 (quoique redevenue d'actualité grâce aux Schtroumpfs) et qui nous laisse plutôt perplexes.
Il y a une distanciation dans The Lego Movie qui s'avère intrigante et amusante au début, mais qui devient rapidement clichée. Ce principe fonctionne tout de même généralement, assez efficacement avec les enfants qui s'ébaudissent de voir un vilain effacer le visage d'un LEGO avec du dissolvant à vernis à ongles ou d'utiliser comme arme suprême de la krazy glue. Ce genre d'humour est peut-être, par contre, moins efficace pour les parents (qui, eux, se bidonneront à observer l'animosité qui règne entre Batman et Green Lantern).
L'idée de l'unicité, de se différencier dans un monde qui nous commande d'être tous semblables est un bon filon à une morale ingénieuse. La liberté et la volonté de construire en se fiant à ses propres règles et valeurs est une philosophie qui sied bien aux blocs Lego et qui donc, fonctionne bien ici.
À noter que dans la version française, tous les intertitres ont été traduits, tout comme que la plupart des mentions intradiégétiques et la chanson thème (un verre d'oreille autant en français que dans sa version originale). Le film contient également de nombreux jeux de mots et on sent que l'équipe de traducteurs a fait des efforts pour arriver à faire transparaître cette forme de dérision dans la mouture française. Ce qui n'est, malheureusement, pas toujours le cas.
The Lego Movie n'a peut-être pas la force de frappe d'un Pixar, mais saura très certainement distraire les petits et les grands pendant près de deux heures. Une chose est certaine - qu'on aime ou qu'on n'aime pas -, tous ceux qui verront ce film seront pris d'une envie injustifiable de sortir leurs vieux Lego du grenier ou de courir dans les magasins pour s'en procurer (ce n'était pas d'ailleurs le but ultime de ce projet?).