Les films de Steven Soderbergh sont souvent des petits bijoux d'inventivité et d'audace; Logan Lucky ne fait pas exception à cette règle. Décalé, drôle et intrigant, le long métrage figure certainement parmi les meilleures productions de l'année.
Le réalisateur de Ocean's Eleven nous offre une autre histoire de braquage, mais celle-ci implique cette fois des simples d'esprit et un plan beaucoup moins élaboré que celui de la bande de Danny Ocean. Tous les personnages semblent tout droit sortis d'un asile psychiatrique. Seul Jimmy Logan, joué par Channing Tatum, paraît avoir une tête sur les épaules, et encore là, nous ne sommes pas en présence d'un futur doctorant.
C'est d'ailleurs ce « politically incorrect » qui amuse le spectateur. Qu'un père aimant arrose sa fille d'autobronzant avec un pistolet à peinture pour les voitures afin qu'elle participe à un concours de Mini miss est à la fois épouvantablement disgracieux et excessivement cocasse. C'est en jouant sur la ligne de l'acceptable que le réalisateur parvient à créer un univers décalé fort et efficace. Le scénario taillé au couteau de Rebecca Blunt aide aussi considérablement à nous plonger dans cet univers d'une absurdité réconfortante. À chaque travers, Soderbergh parvient à nous surprendre. Impossible pour le spectateur de prédire l'issue de cette histoire. Alors qu'on croit que le cinéaste nous amène quelque part, il change brusquement de direction et déconcerte son public.
Tous les personnages sont excessivement stéréotypés - le riche propriétaire d'un concessionnaire, l'ex-femme Barbie, la soeur coiffeuse aux longs faux ongles, l'ex-soldat niais à un seul bras - mais, contrairement à ce qu'on en dit généralement, le cliché est ici bienvenu. Il apporte un aspect humoristique unique à cette histoire de vol. Certaines séquences étonnantes font presque figure d'anthologie (on se souviendra notamment de cette scène saugrenue où des prisonniers conversent sur Game of Thrones).
Il ne faut pas négliger non plus le poids du suspense. Le spectateur est installé au-devant de son siège lors d'une bonne partie du film, inquiet pour les héros qui risquent de se faire coincer à tout moment. En ce sens, Logan Lucky s'approche de Ocean's Eleven, notamment grâce à son montage rythmé qui ne nous donne pas toutes les informations, se gardant certains détails clés pour confondre son public en fin de parcours.
Tous les acteurs, à commencer par Tatum, impressionnent. Ils apportent tous une folie profitable à leur personnage. Adam Driver, bête à souhait, se démarque dans ce capharnaüm d'andouilles. La jeune Farrah Mackenzie, 11 ans, s'illustre aussi de belle façon dans ce rôle de fillette ne voulant plus manger de crème glacée pour être au mieux lors de sa compétition de Mini miss.
Logan Lucky désarçonne de la bonne façon. Voilà le genre de film original qu'on devrait voir plus souvent sur nos écrans!