La première moitié de The World's End est fort possiblement la meilleure chose que le trio Edgar Wright/Simon Pegg/Nick Frost n’ait jamais présentée. Les personnages sont hilarants, les situations cocasses, les acteurs en très grande forme (leur sens du comique n'étant plus à prouver) et le style de Wright, qui passe par un montage évocateur et un humour visuel déjanté, fonctionnent à merveille. Sauf que voilà : la deuxième moitié de The World's End est probablement la pire chose que le même trio ait jamais présentée.
Confuse, exagérément bavarde et figée, et aussi beaucoup trop longue, la deuxième moitié de The World's End est tout simplement ratée. Ce qui fait qu'on n'a tout simplement pas apprécié autant qu'on le voulait cette comédie qui aurait dû être tellement plus efficace vu ses prémisses prometteuses. Long et ennuyant sont deux qualificatifs qui ne conviennent pas aux comédies...
Au début pourtant, c'est tout le contraire : l'humour va dans tous les sens, avec un succès indéniable. Ce qui étonne en tout premier lieu, c'est le talent de Simon Pegg, qui incarne ici un personnage très différent de ses personnages habituels, ce qui lui donne l'occasion de démontrer ses talents d'acteur, qui sont franchement impressionnants. Le scénario est alors très bien écrit, l'humour fuse et tous les acteurs sont parfaitement en contrôle, de Nick Frost à Martin Freeman en passant par Eddie Marsan et Paddy Considine. Leur complicité consolide l'humour, et le film connaît alors ses meilleurs moments.
Malheureusement, le récit prend par la suite une tangente de science-fiction très aride qui asphyxie le récit, le rendent inutilement compliqué et faisant passer une quête tout à fait respectable (boire une pinte dans chacun des douze pubs du village, mais aussi grandir et retrouver ses amis) pour une lutte pour la survie qui est peu convaincante. Même le feu d'artifice final est complètement inefficace. En clair : The World's End est une bien meilleure comédie qu'un film d'action.
Comme le démontraient ses films précédents (Shaun of the Dead, Hot Fuzz, mais surtout Scott Pilgrim vs. The World), Edgar Wright est un réalisateur formé par le cinéma, pour qui le langage cinématographique est inné et spécifique. Les meilleurs moments de The World's End découlent aussi de ce talent, qui se démarque par petites touches, des trouvailles glanées au fil du récit, qui découlent directement du cinéma. Dommage que lors du dénouement, ce talent soit confiné à un décor fermé dans une scène croulant sous les dialogues où il ne peut se manifester.
L'appréciation de The World's End tient presque de la formule mathématique : de l'excellent et du mauvais, pour un résultat moyen. Dommage, dommage, car on était particulièrement enthousiaste de voir cette nouvelle comédie avec un thème de fin du monde, après This is the End, qui lui était franchement supérieur.