Ce n'est pas comme si le public s'attendait à du grand art lorsque le retour au grand écran d'Arnold Schwarzenegger a été annoncé il y a deux ans. Arnold n'a jamais été un acteur de grand talent, il était efficace dans les films d'action, dans les scènes de combat, il a su faire son chemin grâce à des rôles marquants pour une certaine génération, mais aucune performance ne lui aurait valu de trophées ou de mentions spéciales de la part de ses pairs. Maintenant âgé de 65 ans, il aurait été étonnant que son niveau de jeu s'améliore de manière exponentielle et surprenne toute une lignée d'incrédules. The Last Stand est - malheureusement pour certains qui avaient encore la foi - la preuve que le talent n'est pas une chose qui se gagne miraculeusement avec l'âge.
The Last Stand est une tentative malhabile de ressusciter le personnage qu'était Arnold Schwarzenegger avec un brin d'ironie et des séquences d'action explosives. Mais l'excuse de la vieillesse a ses limites. The Expendables a d'abord proposé le concept, qui a été ensuite développé par Red pour être enfin surexploité en franchise. Oui, la nostalgie paie et c'est encore amusant de voir Arnold se plaindre qu'il est trop vieux pour ce genre de cascades, mais pour combien de temps? Quand les spectateurs commenceront-ils à trouver que ressusciter de vieux héros d'action est un concept usé et inefficace? Il faudra, semble-t-il, attendre encore quelques années avant d'avoir la réponse à cette question.
Mis à part être un véhicule pour le retour d'Arnold, The Last Stand n'est pas grand-chose. Un film d'action malhabile aux prémisses bidon (un ancien policier de Los Angeles qui a été transféré dans une petite ville où rien ne se passe pour ne plus être en contact avec autant de sang et de morts) et aux fondements clichés (un dangereux criminel s'échappe et tente de traverser la frontière jusqu'au Mexique). Johnny Knoxville apporte une parcelle d'humour bienvenue grâce à son personnage de dégénéré propriétaire d'une quantité prodigieuse d'armes à feu, mais sa présence sommaire à l'écran limite son impact. Les autres acteurs sont interchangeables, inutiles. Peter Stormare est encore le méchant et Luis Guzmán, le mexicain empoté. Et on a oublié rapidement quel rôle jouait Zach Gilford, Genesis Rodriguez et Jaimie Alexander.
La séquence finale - alors que le shérif (Schwarzenegger) affronte le méchant bandit (Noriega) - est empreinte d'un tel ridicule avec sa musique western et ses plans champ contre champ cadencés qu'on a vaguement l'impression de regarder un épisode des Looneys Tunes dans lequel Wile E. Coyote s'efforce une nouvelle fois d'attraper le Road Runner. Si tout le film avait adopté cette esthétique cartoon, peut-être que l'absurdité ne serait pas si grande (et peut-être aussi que le film aurait été meilleur), mais comme cet aspect caricatural n'apparaît, aussi assumé, qu'à la fin, la conclusion du long métrage est des plus incongrues.
The Last Stand ne voulait pas révolutionner le cinéma - ni même le genre - et il ne le fait pas, mais peut-être aurait-il pu s'efforcer de nous livrer une oeuvre cohérente ou seulement quelques scènes intéressantes. Mais, peut-être aussi que j'en demande beaucoup d'un film avec un vieux Arnold.