Commençons avec un petit jeu. Deux vérités, un seul mensonge, il s'agit de le trouver. Première affirmation : le scénario de Le corps de Jennifer est légèrement plus intelligent que la moyenne. Deuxième affirmation : cela ne l'empêche pas de souffrir de plusieurs longueurs. Troisième affirmation : Megan Fox n'est pas indécemment sexy. Votez pour la fausse affirmation. Pas facile...
Jennifer est la fille la plus sexy de l'école. Avec son amie Needy, qui est plutôt réservée, elle se rend dans un bar malpropre afin d'assister à un concert du groupe Low Shoulder dans leur petite ville de Devil's Kettle. Le bar est détruit suite à un incendie mais Jennifer et Needy sont saines et sauves. Après cette soirée, Jennifer ne sera pourtant plus jamais la même. Affamée, elle décide d'utiliser ses charmes afin de séduire des garçons de l'école et de se nourrir de leur chair fraîche. Needy commence à soupçonner quelque chose, mais tout le monde la croit folle...
Scénarisé par Diablo Cody, qui a remporté un Oscar pour son premier scénario, Juno, Le corps de Jennifer est conçu comme une parodie. En ne se prenant jamais au sérieux, le film tente d'ajouter un peu d'humour à cette folie meurtrière assez graphique qui implique Megan Fox et beaucoup de chair en s'installant au beau milieu des lieux communs. Dans une école secondaire, il y a beaucoup de clichés. Les attentes spectatorielles sont assez efficacement désarmées (l'habituel hors-champ, la musique trop appuyée), même si le début du film est plutôt claudicant et s'étire inutilement. Un mal qui afflige beaucoup l'ensemble du film, qui souffre d'un rythme déficient.
Le corps de Jennifer s'élève donc rarement au niveau de la farce. L'humour y est assez efficace, particulièrement avec de savantes références à la culture populaire. On y trouve aussi plusieurs commentaires à peine cachés sur la séduction, et sur une sorte de mépris refoulé envers les jolies filles; on sent presque le règlement de compte. Ce dernier est malheureusement construit sur plusieurs gros clichés (la fille réservée est amie de la dévergondée, Jennifer doit se nourrir afin de conserver son teint parfait, etc.) et sur certaines décisions forcées (aucune raison pour que le personnage de Colin explore ainsi la maison abandonnée où Jennifer lui donne rendez-vous). Ces sacrifices sont nécessaires à la poursuite du film, mais ils sont tout de même regrettables parce qu'ils en diminuent la cohérence.
Megan Fox joue presque uniquement ici la carte de la séduction; elle est effectivement magnifique. Son jeu est à peine pertinent, voire pas du tout. Sa co-vedette Amanda Seyfried, beaucoup plus sollicitée, s'accommode bien d'un personnage un peu faible pour être au centre du récit. Les enjeux sont aussi assez grossièrement exprimés, si bien que le film reste anodin, divertissant mais sans plus, presque répétitif. Sorte de satisfaction primitive d'une soif de sang et de peau. Avec juste un peu plus d'inventivité, on s'en serait bien mieux tiré.
Le corps de Jennifer est un film particulièrement calculé. Ses mécaniques sont régulièrement exposées et ce n'est que parce que le film lui-même prêche par excès qu'on ne se formalise pas de son manque de subtilité. Niveau horreur, le résultat est satisfaisant. Niveau humour aussi. On ne parle quand même pas d'un éclair de génie ni même d'un incontournable.