The Counselor possède plusieurs éléments d'un bon film de gangsters : du sexe, de la violence, de l'opulence, de bons acteurs, et pourtant il manque une chose essentielle : une histoire. The Counselor est une longue attente vers un motif et une explication qui n'arrivent jamais. On comprend qu'un avocat s'implique dans un complot de drogues et que les choses tournent mal, mais ce sont les seules informations que l'on nous fournit (des informations qui, mentionnons-le, apparaissaient dans le synopsis court).
En aucune occasion on ne nous offre les clés pour résoudre l'énigme. Le mystère plane toujours lorsque le générique défile et on sent que la perplexité n'est pas nécessairement le sentiment que l'on devrait ressentir, mais c'est le seul qui convient à la situation. On se dit que peut-être on a voulu expérimenter quelque chose : retirer les filons d'une histoire et ne laisser que les bases. Une expérimentation qui pourrait peut-être d'ailleurs justifier la participation de Ridley Scott (et Michael Fassbender, et Brad Pitt, et Cameron Diaz, et Penélope Cruz, et Javier Bardem), mais qui aura coûté beaucoup trop cher (25 millions $) pour son résultat qu'on aurait pu (il me semble) aisément prédire. Le scénario de Cormac McCarthy (auteur des livres No Country for Old Men et Child of God) pourrait aussi être la raison qui a poussé ces artistes importants à rejoindre le projet, mais, encore une fois, la raison n'est pas suffisante...
La réalisation de Scott n'arrive pas non plus à pardonner les trous dans le scénario. Le film ne possède pas de signature particulière. Mis à part un montage intéressant au départ (on nous présente les personnages les uns après les autres, de manière décousue), ce film ne révèle aucun style distinctif; il aura pu être réalisé par n'importe qui. The Counselor essaie aussi d'être spirituel en déballant des théories faussement philosophiques sur la vie, la mort, les choix que l'on fait, et des répliques vides de sens (mais que l'on veut symbolique) telles que « Nous sommes le monde que nous créons ».
Comme on a fait appel à des acteurs de grand talent, la qualité des performances est supérieure à celle du film en général. Fassbender est tellement intense, déchiré par une situation que l'on ne comprend qu'à moitié qu'on ne peut qu'être ébranlé par la profondeur de son jeu. Le public est, par exemple, complètement déconcerté quand son personnage pleure et hurle dans sa voiture après l'appel d'un illustre inconnu aux mystérieuses intentions.
The Counselor est décevant principalement quand on connaît la feuille de route du réalisateur et la trempe des acteurs principaux. Si toutes ces belles personnes n'étaient pas impliquées, on parlerait d'un échec, d'une erreur de débutant et on passerait rapidement à autre chose, mais comme le nom de Ridley Scott y est attaché, on cherche désespérément une justification à ce film sans histoire, une justification qui n'arrive jamais. Peut-être finalement que The Counselor est une bête erreur de vétéran...