Le coeur en braille s'apparente au délicieux film français La famille Bélier, qui a séduit le Québec en 2015. Même s'il est un peu moins audacieux, il se dégage du nouveau film de Michel Boujenah un sentiment de contentement semblable à celui d'Eric Lartigau. On retrouve, par contre, davantage de candeur dans Le coeur en braille, comme l'histoire s'intéresse au destin de deux enfants. Celle-ci est rafraîchissante et, en plus de nous replonger dans nos premiers amours, elle nous émeut et nous touche droit au coeur.
La comédie dramatique Le coeur en braille raconte l'histoire de Marie, une jeune fille atteinte d'une maladie dégénérative grave qui lui fait perdre la vue progressivement. Victor, un camarade de classe, décide de l'accompagner dans les épreuves du quotidien afin de flouer ses parents et leur faire croire que sa situation n'est pas aussi dramatique qu'ils l'estiment. Une relation particulière se développe entre les deux amis et un sentiment que les adultes appellent « amour » s'installera tranquillement entre eux.
Le film est délicat, serein, joyeux. Malgré la maladie, la protagoniste garde la tête haute et le public ne peut que s'attacher à cette fillette digne et inspirante. Malgré un jeu un peu brouillon, l'interprétation d'Alix Vaillot est portée par une humanité qui dépasse la technique. Même chose pour Jean-Stan Du Pac, qui incarne son camarade. Le jeune comédien surjoue à quelques reprises, mais ses maladresses sont vite pardonnées grâce à sa tendresse et sa sincérité qui transcendent l'écran. Le personnage secondaire d'Haicam (Antoine Khorsand), qui a réponse à tout avec ses expressions prémâchées et qui est partagé entre les croyances juives de sa mère et celles musulmanes de son père, donne un grain de folie supplémentaire à l'oeuvre, qui en bénéficie grandement, notamment dans ses moments plus sombres.
Le coeur en braille se complait parfois un peu trop dans le drame, notamment, lors de sa finale guimauve, qu'on nous déballe hâtivement, sans grande subtilité. Le film s'achève aussi sur une ouverture qui nous laisse sur notre faim. Certaines questions restent sans réponses et nous ne pouvons qu'en être agacés. Reste que le genre - le film pour ados - nécessite ce type de composé sucré pour atteindre adéquatement sa cible. On en parlait d'ailleurs récemment dans notre critique de Before I Fall.
Le coeur en braille, inspiré du roman éponyme de Pascal Ruter, fait sourire, sans prétention. À l'exception de l'accent et de quelques expressions et concepts propres à son pays, le film français porte un regard universel sur l'amour et la confiance qui interpellera toutes les nationalités. Bien que ce soit davantage les adolescents qui seront apostrophés ici, les plus grands, qui cultivent encore leur coeur d'enfant, seront charmés par la fraîcheur de cette proposition.