********** Le Club Vinland est présenté en salles à partir du 2 avril. ***********
Nous avons tous eu dans nos vies des professeurs qui ont été plus marquants que d'autres, qui nous ont enseigné, au-delà des notions pédagogiques, des valeurs fondamentales. Le film québécois de Benoit Pilon met en lumière le travail exceptionnel de ces instituteurs tout en nous proférant une petite leçon d'histoire.
Le récit se déroule à la fin des années 40. On suit le Frère Jean, un professeur dans un collège pour garçons de l'est du Québec. Ce dernier dérange les supérieurs de sa congrégation qui n'approuvent pas sa manière progressiste d'enseigner. Afin de motiver ses élèves et empêcher le décrochage du jeune Emile, le Frère Jean conduira des fouilles archéologiques avec ses élèves visant à prouver l'établissement d'une colonie viking sur la côte du Saint-Laurent.
Sébastien Ricard incombe au protagoniste une nuance bienvenue. Il possède définitivement le charisme du professeur bienveillant et l'étoffe d'un visionnaire. François Papineau se débrouille aussi très bien dans le rôle du méchant de service, qui tente constamment de discréditer le héros et s'adonne à des pratiques inadmissibles. Le groupe de jeunes acteurs se doit également de recevoir des éloges, à commencer par Arnaud Vachon, interprète du jeune Emile. On s'attache très rapidement au garçon qui n'entre pas dans le moule.
Le scénario, écrit par Normand Bergeron, Marc Robitaille et Pilon lui-même, ne manque pas de justesse et d'émotion, mais s'étire inutilement en longueur. On aurait pu couper au moins 30 minutes au long métrage sans en altérer son sens et sa morale. Tout ce passage à l'université, là où le Frère Jean est confronté dans ses recherches par de vils détracteurs, aurait pu être écourté ou simplement retiré. D'autres scènes auraient nécessité un montage plus serré.
Le cinéaste Benoit Pilon, qui n'en est pas à son premier film d'époque, offre une reconstitution historique juste et raffinée. Cette période - entre la Deuxième Guerre mondiale et la Révolution tranquille - n'a pas été souvent dépeinte au cinéma et il est fort intéressant de découvrir à quel point le Québec était conduit par l'Église catholique et comment se comportaient les évêques en voyant poindre une laïcisation du peuple. Le film nous permet également de revisiter des évènements phares de cette époque, dont la grève d'Asbestos de 1949, un conflit de travail des mineurs d'amiante.
Dans une mise en scène soignée, Benoit Pilon salue de façon unique l'importance du travail des professeurs. Même si tout ne se termine pas bien pour les personnages, son film nous laisse un sourire au visage et un élan d'espoir dans le coeur.