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Burning Max, Mad Man.
Devant ce film postapocalyptique ou dystopique, selon le terme que l’on affectionne le plus pour les univers de désolation futuristes, on ne sait jamais à quoi s’attendre et cela fait clairement partie de ses qualités. « The Bad Batch » fait le grand écart constant et improbable entre la série B, presque Z même, et le film d’auteur contemplatif. Oui c’est possible et ce n’est pas si souvent que l’on peut voir des œuvres à la singularité si prononcée. Problème, il y a pas mal de scories ou de choses qui ne fonctionnent pas ou mal sur les deux heures que dure le film. Et justement la première d’entre elles est sa durée. Le long-métrage est bien trop long et a tendance à faire s’étirer ses plans plus que de raison ou à abuser des champs-contrechamps à répétition. Ensuite, c’est bien de laisser le spectateur dans une zone vague quant aux raisons qui ont amené à ce contexte mortifère, mais à laisser trop de pistes sans réponse, cela en devient frustrant et préjudiciable. Enfin, il y a deux ou trois séquences too much qui frisent le ridicule malgré le côté trash et fou de l’ensemble doublé d’incohérences narratives que l’on tolère plus facilement dans ce type de films.
Pourtant, dès les premières scènes, on sent que l’on va assister à quelque chose de peu commun et d’imprévisible. Entre « Mad Max » pour le côté no man’s land futuriste, « La Colline a des yeux » pour le gore cannibale, « Gerry » pour l’errance dans le désert et un concentré exagéré du festival Burning Man, ce « The Bad Batch » s’avère inclassable et surprend. Prendre une éclopée, amputée d’un bras et d’une jambe, et un cannibale artiste pour héros n’est déjà pas commun mais les péripéties qu’ils vont vivre et les personnages qu’ils vont rencontrer sont également du même acabit. Au début, on peut trouver cela étrange, trop hermétique et monotone une fois l’entame et la curiosité passée mais le film parvient toujours à capter à nouveau notre attention par une bizarrerie ou quelque chose qui nous pousse à aller plus loin. Puis, au final, plus le film avance, plus il nous envoûte et moins on est circonspect, le charme de l’ensemble faisant son travail.
« The Bad Batch » est un peu un film d’atmosphère, le genre de production qui vous cueille selon votre personnalité, votre humeur et votre ouverture d’esprit cinématographique. Ce que l’on ne peut lui retirer c’est bien une ambiance unique qui réussit à se détacher du tout-venant de ces séries B génériques avec contexte postapocalyptique, aussi bien sur la tonalité (ici on hésite entre pochade glauque et suspense sec et méchant) que sur la forme. En effet, c’est plutôt agréable à l’œil et arty, et on a le droit à quelques séquences d’une rare beauté, emballées dans une bande originale du meilleur effet entre tubes 80’s et 90’s (la scène de fiesta dans le désert est admirable à ce titre). Et cette œuvre parvient aussi à ne pas être prétentieuse ou lassante sur son versant plus auteuriste, un aspect qui finalement se fond bien dans le reste formant ainsi un ensemble plutôt cohérent bien qu’imparfait. Une curiosité agréable et étonnante qui nous gratifie en plus de deux guests de luxe dans des rôles azimutés totalement jubilatoires : Jim Carrey et Keanu Reeves.
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