Même si le film concerne la légende du Roi Arthur, nous sommes bien loin des récits classiques des Chevaliers de la Table ronde. David Lowery livre une oeuvre lyrique fascinante qui s'intéresse à une quête spirituelle bien plus qu'à une aventure de cape et d'épée. Le film, duquel on ne peut détourner les yeux, comme hypnotisés, est une méditation sur la recherche de sens profond. Le cinéaste décide de ne pas nous donner toutes les réponses. C'est au spectateur de trouver la vérité, sa vérité. Il s'agit certainement d'un jeu risqué, mais, dans ce cas-ci, il s'avère extrêmement profitable de laisser le cinéphile cogiter. Vous risquez d'être confus à la fin du visionnement et c'est parfaitement normal.
The Green Knight raconte l'histoire de Sir Gawain, le neveu du Roi Arthur, qui, le soir de Noël, accepte d'affronter Le chevalier vert, un personnage imposant à l'allure et la stature d'un arbre. Il doit, selon le pacte proposé par son adversaire, lui couper la tête sur le champ et un an plus tard le rejoindre dans une chapelle pour un autre affrontement. Gawain accepte le défi. Il décapite Le chevalier vert et douze mois plus tard se lance à la rencontre de son destin. Sur sa route, il croisera plusieurs dangereux personnages, dont des fantômes, des géants et des voleurs malicieux.
Cela faisait longtemps qu'Hollywood ne nous avait pas présenté une oeuvre aussi splendide. Visuellement, The Green Knight dépasse les attentes, toutes les attentes. Les paysages luxuriants, habités d'une aura surnaturelle, sont spectaculaires et les créatures reproduites en CGI (dont ce chevalier arborescent) se fondent parfaitement dans le décor fantasmagorique.
Si le film n'est pas particulièrement verbeux, il témoigne d'un langage poétique, romantique, qui lui est propre. D'ailleurs, tout l'univers du film semble répondre à ses propres règles. Nous ne sommes pas dans un monde moyenâgeux classique comme on pourrait le croire; Green Knight n'appartient à aucune époque, il flotte en dehors du temps. Le montage sonore, envoûtant et énigmatique, contribue à la singularité de la proposition. Dev Patel, de son côté, tient le film sur ses épaules. Jamais l'acteur n'a été aussi magnétique. Les performances Joel Edgerton et Alicia Vikander sont aussi mémorables.
Même si la finale n'est pas aussi puissante qu'on l'aurait souhaité, on peut se risquer à dire que The Green Knight flirte avec le chef d'oeuvre. Il s'agit sans aucun doute d'un des meilleurs films de l'année 2021. Direction les Oscars.