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Pas présent, omniprésent
Je me suis levé de ma chaise après le film avec un certain goût amer. J'avais compris assez de choses pour aimer le film Le cheval de Turin, mais pas assez pour le comprendre. Il a fallu que je me renseigne sur la vision, ou du moins une phrase du philosophe Nietzsche avec qui le film est intimement lié. En fait, on ne le voit jamais, mais il est toujours là. Pour lui, Dieu est mort, et la mort de Dieu, ou de la foi, est synonyme, en quelque sorte, de fin du monde pour les paysans représentés dans le film. Un film simple, pas de couleurs, peu de paroles, mais que de superbes jeux cinématographiques (les plans alternés autour de la table, les plans-tableaux tels que celui des deux personnages qui regardent vers l'extérieur), des acteurs plus qu'excellents et des symboles de toutes sortes à tous les moments du film. Beaucoup sont religieux, d'autres sont plutôt antireligieux, mais ils convergent tous vers une dégénérescence qui a presque l'air planifiée. La jument, même si on est triste pour elle, devient même secondaire, même si elle incarne avec justesse une sorte de fin du monde lente et douloureuse. Il faut comprendre les paroles de Nietzsche pour comprendre le film et il n'est pas donné à tous. Il faut simplement accepter ses interrogations et laisser peu à peu les symboles, car c'est avant tout un film symbolique et poétique, s'imprégner en nous et trouver leur sens. Et ce n'est là que le début de toute la richesse de ce film.