La littérature jeunesse est souvent condamnée à connaître du succès. Parce que le public est là, bien sûr, mais aussi parce qu'on dirait que les auteurs - et maintenant les réalisateurs - pensent que les jeunes ne sont pas trop exigeants sur le fond, et se permettent de leur resservir les mêmes clichés et la très commune bagarre entre le bien et le mal. Déclinés sous toutes leurs formes, ces belligérants séculaires sont ici nommés « lumière » et « ténèbres », ce qui donne une bonne idée du niveau de créativité de Le chercheur : À l'assaut des ténèbres.
Entre Harry, Frodon et Luke Skywalker, le jeune Will - un Américain relocalisé en Angleterre avec sa famille, quelle idée! - doit affronter les forces du mal qui veulent prendre possession de son petit village et éventuellement du monde. Il doit donc retracer six signes à travers le temps, mais aussi composer avec les problèmes familiaux classiques.
Le réalisateur David L. Cunningham met en images le scénario de John Hodge (qui a aussi travaillé sur Ferrovipathes, quand même!) avec beaucoup de flair. Les effets spéciaux sont efficaces et la direction artistique est exemplaire, même si les quelques incursions dans le passé manquent clairement d'envergure. Des petites saucettes à travers le temps qui ne sont pas très intéressantes, ni très excitantes. Quelques invraisemblances particulièrement maladroites viennent gâcher ce qui subsistait de crédibilité dans cette petite histoire comme cent autres, qui ne risque pas d'étonner.
Le talent des acteurs est presque entièrement gaspillé par le scénario qui n'offre à personne, pas même au jeune Alexander Ludwig, la chance de démontrer ce qu'il sait faire. Les personnages secondaires sont interprétés maladroitement par des acteurs sans grand talent, tandis que les plus expérimentés Ian McShane et Christopher Eccelston évitent de justesse la parodie.
Un peu tout le monde se cherche, à l'aube de l'adolescence mais aussi dans le film, tellement les quelques bonnes idées n'aboutissent jamais. On remplace la créativité par les valeurs sûres; le pari est audacieux parce qu'on risque grandement de décevoir quiconque a déjà vu Le seigneur des anneaux ou Les chroniques de Narnia... ce qui fait déjà beaucoup de monde.
Bien sûr, le film est une suite assez impressionnante de clichés. Les revirements du scénario sont un peu bêtes et certainement pas surprenants - rappelez-vous les enfants, les filles, c'est mal - mais Le chercheur : À l'assaut des ténèbres est une aventure juste assez palpitante pour les jeunes, sans grande violence graphique mais avec un trop-plein de belles leçons inoffensives qui rassurent les parents. Il y a un public bien précis pour ce genre de chose, et si les auteurs et les réalisateurs ont raison et qu'il ne demande vraiment rien d'autre que les mêmes histoires et la même simplicité, Le chercheur : À l'assaut des ténèbres est promis à un beau succès.
Est-ce que les jeunes ne sont pas trop exigeants sur le fond, et permettent qu'on leur resserve les mêmes clichés et la très commune bagarre entre le bien et le mal? Déclinés sous toutes leurs formes, ces belligérants séculaires sont ici nommés « lumière » et « ténèbres », ce qui donne une bonne idée du niveau de créativité de Le chercheur : À l'assaut des ténèbres.