La première question qui nous vient à l'esprit - avant même le début de la projection - c'est pourquoi? Pourquoi avoir fait une suite/prologue à ce film qui n'avait pas été particulièrement bien accueilli par le public, détruit par la critique et pour lequel les pauvres 155 millions $ de recettes en Amérique du Nord n'équivalaient même pas le budget de production? Les recettes internationales ont probablement quelque chose à y voir (241,3 millions $), mais au-delà de l'optique pécuniaire et peut-être des contrats qui permettaient à Universal de conserver Chris Hemsworth et Charlize Theron dans leurs rangs pour une autre mouture, produire un second chapitre à cette franchise fastidieuse était une bévue artistique désolante.
The Huntsman Winter's War est pire que Snow White and the Huntsman parce qu'il ne contient plus cette fraîcheur que la direction artistique de la production originale apportait. Les costumes et les décors sont aussi beaux que dans le film de Blanche-Neige (peut-être même plus), mais ils ne nous épatent plus autant qu'avant. Malgré le fait que la distribution est composée de certains des acteurs et actrices les plus prisées à Hollywood en ce moment - Chris Hemsworth, Jessica Chastain, Emily Blunt et Charlize Theron -, le film ne possède pas l'enchantement et la magie du conte traditionnel.
The Huntsman Winter's War a pigé dans d'autres histoires de princesses pour s'inspirer et ne tente même pas de s'en cacher un peu. Les ressemblances entre ce film et La reine des neiges sont presque choquantes. La scène lors de laquelle Freya - alias La reine des glaces (!!!) - découvre son pouvoir de contrôler la neige et la glace ne peut que nous faire rire jaune. Un peu plus et elle se met à chanter « Libérée, délivrée » en faisant un bonhomme de neige! La chasseuse Sara (on a remplacé ici la princesse badass par la chasseuse badass) a des airs de Merida. Comble de l'ironie : celle-ci porte des cheveux roux bouclés et manie l'arc et la flèche avec une extrême aisance.
Le film est trop violent pour des enfants (il faut à peine 2 minutes à la production avant d'obtenir sa notification : « Déconseillée aux jeunes enfants ») et trop timoré pour des adultes. On se demande alors à qui s'adresse ce film. Les adolescents y trouveront peut-être leur compte, mais encore là, les ados ne sont pas bonasses; ils en ont vu d'autres et il ne leur faudra pas beaucoup de temps pour déceler les failles majeures au sein de ce scénario. Les coïncidences et la chance sont au coeur même de la résolution de problèmes des protagonistes. Les personnages sont toujours sauvés in extremis par des circonstances atténuantes, et ça, c'est frustrant pour un spectateur qui s'efforce de croire aux vertus des héros.
Les scènes de combat ne sauvent pas la production du désastre non plus. Filmées de façon convulsive, elles ne permettent pas au public d'apprécier les cascades. Ce ne sont que des ruées de coups sans constance et sans qualité esthétique.
The Huntsman Winter's War n'est malheureusement pas meilleur que son prédécesseur et s'avère un bon exemple de l'acharnement déraisonnable d'un studio envers ses propriétés.