Catherine Hardwicke a un parcours pour le moins particulier. Son premier film, Thirteen, laissait présager un véritable talent, particulièrement dans la direction d'acteurs méconnus qu'on prenait plaisir à découvrir. Avec Lords of Dogtown, moins réussi, on a cru à une erreur de parcours, qui gardait pourtant un instinct cinématographique indéniable. The Nativity Story a été rapidement oublié. Puis est venu Twilight, porté par son inexplicable succès (financier), qui a en quelque sorte « justifié » une fois pour toutes un mépris latent envers un jeune public qui a à sa disposition beaucoup d'argent de poche. Tout est maintenant permis pour aller chercher cet argent. Avec Red Riding Hood, on sent bien qu'on n'est pas sortis de l'auberge.
Dans un monde féerique quasi-féodal où existent le mascara et le gel pour les cheveux, la jeune Valerie vit d'amour pour Peter, un charmant bûcheron. Mais sa famille l'a fiancée à Henry, un « riche » forgeron. Tandis que les villageois vivent dans la peur d'un loup-garou qui vit dans les environs et les attaque les soirs de pleine lune, on réclame la venue du Père Salomon, qui a déjà vaincu une bête semblable. Menant une véritable campagne de peur, ce dernier traque le loup au sein des villageois, qui commencent à s'accuser entre eux d'être la bête sanguinaire (qui laisse d'esthétiques égratignures qui cicatrisent parfaitement aux belles personnes du village).
Au-delà des invraisemblances (qui sont toujours nombreuses dans un film fantastique, là n'est pas le problème), il y a beaucoup d'étrangetés dans Red Riding Hood. Le récit est d'abord totalement incohérent : personne ne semble au départ se douter que le « loup » n'est pas un vulgaire loup commun (on « célèbre » sa capture dans une sorte de danse collective africaine alors que deux villageois sont morts dans la journée). Un loup qui parle, ça ne fait pas non plus très sérieux, surtout lorsqu'on traficote la mythologie du film pour expliquer les invraisemblances. Aucune cohérence non plus au niveau des personnages (qui sont à tour de rôle désignés comme les coupables), qui sont vraiment des imbéciles. Et Billy Burke - le père de Bella dans Twilight - livre certainement la pire performance d'acteur de mémoire d'homme dans le rôle du père alcoolique de Valerie dont l'odeur des cheveux causera tout un malentendu à cause d'un coup de vent impromptu. Ridicule et risible sont ici des mots clés...
Saturé d'une musique quétaine au possible, Red Riding Hood n'est même pas assez drôle pour être agréable; il n'a pas cette nonchalance qui caractérise les films parodiques qui prennent régulièrement l'affiche sur nos écrans. Ici, on a l'impression que tout le monde trouve que tout va bien, selon le plan, de la réalisatrice aux acteurs en passant par les producteurs, qui voient déjà l'argent des pré-ados s'empiler dans leur compte de banque. Sans blague, Twilight était cent fois meilleur, entre autres parce que les jeunes acteurs masculins ici n'ont pas le quart de la moitié du charisme de Taylor Lautner et de Robert Pattinson.
Red Riding Hood est peut-être une brillante métaphore sur la puberté ou alors une adaptation engagée sous forme d'hommage à la chanson de Serge Reggiani « Les loups sont entrés dans Paris » - si c'est le cas, ça nous aura échappé - mais une chose est sûre : on a enfin trouvé un pire film de loup-garon que Le poil de la bête. On va pouvoir passer à autre chose, ça va faire du bien!