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Survivre.
Juan Antonio Bayona est un cinéaste peu productif (cinq long-métrages en près de vingt ans) mais qui a marqué son temps. Il a été découvert avec le très beau (et effrayant) drame fantastique « L’Orphelinat », un film qui a ouvert la voie à l’école fantastique espagnole à l’époque. Le monsieur a ensuite tourné un film catastrophe tiré d’une histoire vraie, celle d’une famille ayant survécu au tsunami de 2004, puis un conte macabre (« Quelques minutes avant minuit ») et le second épisode de la trilogie « Jurassic World » avant de revenir au film catastrophe tiré d’une histoire vraie avec « Le Cercle des neiges ». Dans l’ensemble des œuvres toutes qualitatives à défaut d’être éclatantes car comprenant chacune ses propres petits défauts. Mais on ne peut que saluer le fait que Bayona ait gommé ceux qui entachaient quelque peu le traumatisant et intense « The Impossible » dans le rayon des incroyables histoires vraies. En effet, Bayona a levé le pied sur les violons et la charge lacrymale un peu lourde de son précédent essai catastrophe pour livrer un film déchirant et profondément immersif mais dont l’émotion n’est jamais forcée, ne prenant jamais le spectateur en otage.
Cette incroyable histoire vraie de survie en territoire hostile narre le mémorable crash d’un avion uruguayen en 1972 dans les Andes qui comptait à son bord une équipe de rugby rejoignant la capitale chilienne. Sur les quarante-cinq passager et membres d’équipage, seuls seize ont survécu après plus de deux mois d’isolement en haute montagne. Cette histoire a déjà été racontée par un film italien en 1976 et l’illustre « Les Survivants » de Franck Darabont. Ce dernier était très réussi et on peut donc se demander l’utilité de retranscrire à nouveau cette histoire. Mais Bayona apporte à cette tragédie une teneur plus dramatique où l’homme est mis à contribution par la nature et son environnement et le fait de remettre en scène cet accident d’un point de vue et en langue hispanique n’est pas dénué de sens. « Le Cercle des neiges » se pose donc comme une nouvelle interprétation presque complémentaire à celle de Darabont il y a trente ans.
Bayona était d’ailleurs un cinéaste indiqué pour un tel projet puisqu’il semble être aussi à l’aise dans les séquences spectaculaires que dans celles plus intimes et vouées à l’émotion. Le crash de l’avion est impressionnant mais ne cherche heureusement jamais à en rajouter dans le grand spectacle à de simples fins pyrotechniques pour épater la galerie. Le supplice moral d’une mort qui rôde et s’avère de plus en plus prégnante ainsi que le calvaire de la faim sont également impeccablement rendus. Le film évite toute scène gore concernant le cannibalisme, préférant traiter la chose avec pudeur et insister davantage sur les dilemmes qui s’offrent aux personnages entre morale, religion et raison. On regrette en revanche qu’hormis le personnage principal qui sera vecteur d’un rebondissement inattendu, on ne puisse pas s’attacher plus que cela aux personnages de par leur nombre. L’effet de groupe est privilégié au portrait individuel, ce qui est parfois un peu dommage, la plupart des protagonistes n’étant que des silhouettes interchangeables. Une mini-série aurait peut-être été plus indiquée pour creuser les atermoiements de chacun. Hormis cela, « Le Cercle des neiges » est un beau récit d’humanité, de résilience, d’espoir et de survie.
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