La chimie opérant entre deux acteurs peut parfois élever un film bien au-delà de sa qualité réelle, nous laissant un meilleur souvenir de celui-ci justement car cette complicité aura rendu l'expérience plus authentique et agréable.
Sans dire que la comédie sentimentale d'action (!) The Fall Guy de David Leitch est un mauvais film (très loin de là, même), ce qui retient avant tout l'attention ici, ce sont les performances extrêmement enjouées et complémentaires de Ryan Gosling et Emily Blunt.
Habituellement, la romance se déploie très progressivement dans ce genre de propositions, devenant de moins en moins une arrière-pensée à mesure que progresse le récit.
Dès le départ, le cascadeur Colt Seavers (Gosling) n'agit que dans l'espoir de reconquérir le coeur de sa belle, la réalisatrice Jody Moreno (Blunt), en sauvant le tournage du film qui pourrait enfin permettre à cette dernière de se faire un nom à Hollywood.
Dès son arrivée en Australie, l'objectif de Colt est clair (mais pas tant net et précis) : retrouver la star du film, Tom Ryder (Aaron Taylor-Johnson), qui aurait disparu sans laisser de traces après avoir croisé le chemin d'individus peu recommandables. C'est du moins ce qu'affirme sa productrice, Gail Meyer (Hannah Waddingham).
Un tel rôle était définitivement fait sur mesure pour Gosling, qui excelle dans la peau de personnages costauds, téméraires et d'une extrême candeur. Et Blunt lui rend particulièrement bien la pareille en ajoutant toujours l'émotion où l'étincelle nécessaire pour élever une scène.
Ancien cascadeur, ayant notamment été la doublure de Brad Pitt à une certaine époque, Leitch rend un bel hommage à sa première profession en nous entraînant dans les coulisses d'un genre pour lequel des individus sont prêts à mettre leur vie en jeu pour la noble cause de nous en mettre plein la vue.
Les scènes les plus périlleuses du film ont d'ailleurs été exécutées par des professionnels, nous rappelant l'impact viscéral que peut toujours avoir une bonne séquence d'action. Un détail que l'abus d'effets numériques a pu nous faire prendre un peu trop pour acquis au cours des dernières années.
The Fall Guy est d'ailleurs à son meilleur lorsque le récit se concentre pleinement sur le tournage du film de science-fiction à la prémisse douteuse que tente d'achever Jody, incorporant au passage autant de tentatives stylistiques que de termes et des clins d'oeil nous renvoyant à la grande Histoire du septième art.
Car comme dans ses opus précédents (en particulier Bullet Train), le réalisateur éprouve encore de la difficulté à jongler avec ses différentes trames dramatiques, qui ne s'imbriquent pas aussi bien les unes aux autres qu'il semble le croire.
Toute la partie tournant autour de la disparition de Tom Ryder donne, certes, lieu à des séquences musclées et/ou désopilantes (la présence d'une licorne hallucinée est toujours la bienvenue), mais demeure traitée de façon un peu trop anecdotique pour créer l'intérêt voulu au bout du compte.
Dommage, car il y avait définitivement quelque chose de plus intéressant à faire avec ce qui demeure, en soi, le moteur de l'histoire.
Autrement, The Fall Guy s'avère être le film d'action léger, énergique, concocté sans prétention et, surtout, avec une passion contagieuse qui nous a été vendu dès le dévoilement de la première bande-annonce.
Un film d'été qui, sans nous demander de mettre notre cerveau à off, n'exige que nous nous assoyons pendant un peu moins de deux heures pour savourer les multiples prouesses humaines et techniques qui nous sont proposées.
Le tout en nous rendant extrêmement conscients de ces moindres rouages d'une façon que ne renierait sans doute pas un certain Jackie Chan.