Sorte de Grande séduction à l'envers, sans l'intelligence de la mise-en-scène de Jean-François Pouliot, qui avait su éviter les facilités, Le bonheur de Pierre est une comédie comme il y en a tant d'autres, interchangeable et inutile, misant sur le redondant « choc des cultures », comme si Cartier, Champlain, Maisonneuve et Lafontaine n'avaient jamais traversé l'Atlantique et que Pierre Richard était le premier Français (et pas le moindre) à débarquer au Canada.
Pierre Martin, qui est physicien quantique (pas très impressionnant, je ne le laisserais pas faire le café, honnêtement), apprend la mort d'une vieille tante qui exploitait une auberge dans un petit village du Québec, Sainte-Simone-du-Nord. Avec sa fille, résolument parisienne, il décide de partir pour le Saguenay. Dès son arrivée, les résidents du coin, menés par un maire qui souhaite acheter l'auberge, décident de leur faire la vie dure. Mais Pierre, un éternel optimiste, n'y voit que les soubresauts du destin et ne soupçonne pas la mauvaise foi des habitants du village.
Pierre Richard a déjà été plus en forme, tandis que Rémy Girard, Louise Portal, Gaston Lepage et Patrick Drolet exploitent leur « québéquitude » au maximum, sans s'éloigner des clichés de l'accent et de la poutine. En ce sens, et en ajoutant les motoneiges, la pêche sur la glace et les chemises à carreaux, il ne fait absolument aucun doute que le film est conçu d'abord et avant tout pour un public de touristes français venus chercher l'exotisme d'un Québec de cartes postales. « Quelques arpents de neige », aurait dit Voltaire. Voltaire qui?
Les comédiens, s'ils ne sont certainement pas à proprement parler « mauvais », n'impressionnent guère, au service de mécanismes de comédie élémentaires et réservant bien peu de surprises. On parle d'un diagnostic de mort clinique ici.
La réalisation est toute dévouée à un humour inoffensif qui prêche par sa bonne foi. C'est le scénario qui, assemblant les invraisemblances, ne parvient jamais à bâtir un quelconque intérêt pour le destin des personnages, tandis que les caméos, - sensés faire plaisir au public, j'imagine - s'accumulent autant que la neige dans les rues du village. Franchement, est-ce si drôle que ça de passer la gratte après que quelqu'un ait déblayé son entrée de garage? Je veux dire : n'a-t-on pas mieux à faire?
Le film se termine d'ailleurs dans une cacophonie totale où les personnages posent des gestes ridiculement non-pragmatiques. Cela ne semble pas choquer qui que ce soit que le film prenne de si improbables raccourcis, comme si on pouvait tout pardonner sous prétexte que le film divertit. Qu'on se contente d'un divertissement m'étonne toujours, mais cette fois-ci, vraiment, qui convaincra-t-on qu'on pourra oublier la rigueur de l'hiver en allant partager un peu du Bonheur de Pierre?
Le bonheur de Pierre est une comédie comme il y en a tant d'autres, interchangeable et inutile, misant sur le redondant « choc des cultures », comme si Cartier, Champlain, Maisonneuve et Lafontaine n'avaient jamais traversé l'Atlantique et que Pierre Richard était le premier Français (et pas le moindre) à débarquer au Canada.
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