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Toute les malheurs du monde.
Justin Chon a choisi de raconter une histoire qui le touche personnellement avec cette injustice méconnue du système d’immigration américain. Une aberration législative qui voyait tous les enfants adoptés par des américains (avant une loi votée en 2000 les protégeant) être susceptibles d’être expulsés du pays car victime d’une vide légal kafkaïen aux yeux de l’immigration. Partant de ce postulat, le cinéaste, qui se met également en scène dans le rôle principal, nous tisse une fiction bouleversante pleine d’amour, de tendresse mais aussi et surtout de tristesse. Un pur mélodrame qui pourra peut-être rebuter les allergiques aux bons sentiments et aux effusions dramatiques voire tragiques. En effet, « Blue Bayou » ne lésine pas sur les séquences à forte teneur lacrymale mais ça passe. La plupart du temps...
En effet, Chon a tout de même la main lourde sur les embûches vécues par son personnage et sa famille. Tous les malheurs et toute la misère du monde semblent s’abattre sur les personnages et la retenue n’est pas toujours de mise. Séparément, tous ces problèmes (de la bavure policière, au cancer en passant par l’abandon) passeraient sans souci mais accumulés les uns après les autres sur deux heures de film, cela peut paraître parfois un chouïa lourd et chargé. « Blue Bayou » n’évite pas le misérabilisme excessif et certains personnages sont assurément trop manichéens et manquent de nuances (le flic blanc raciste et idiot détient le pompon mais, plus en retrait, la belle-mère peu empathique et mutique n’est pas mal non plus). On est souvent touché et ému mais cette manière d’appuyer sans cesse sur le bouton du pathos pour nous soutirer des larmes se retourne parfois contre le film. L’exemple parfait est le final, destiné à être déchirant et nous faire verser toutes les larmes de notre corps. Oui c’est beau et c’est triste mais, comme pris en otage, le spectateur pourrait se retrouver mal à l’aise et ressentir l’effet inverse.
On peut dire en revanche que Justin Chon est impeccable devant la caméra, bien épaulé par Alicia Vikander et des seconds rôles inconnus mais bien dirigés. Et que sa mise en scène est très réussie entre le réalisme documentaire et une touche d’onirisme venu d’Asie bienvenue qui se mêle au décorum si particulier de La Nouvelle-Orléans. « Blue Bayou » est beau à regarder tout comme il est agréable à ressentir. Le symbolisme des flashbacks sur le cours d’eau apparaît comme inutile et de trop mais, pour le reste, on est conquis. C’est délicat et étrange mais on aurait aimé être encore plus touché et ému par cette histoire terrible et inspiré de faits réels mais le dosage émotionnel n’étant pas toujours bon, on est partagé, d’autant plus que le film est un peu trop long. Beau mais maladroit et trop démonstratif en somme.
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