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Drapeau en berne.
Quelle douche froide que de voir l’association de trois acteurs de cette trempe et d’un réalisateur le plus souvent surprenant et plein d’idées se vautrer de la sorte dans un long-métrage si insignifiant, vieillot et lancinant. Pourtant, les sujets approchés ici sont plutôt intéressants... On parle de ces soldats qui reviennent à la vie normale et civile après une guerre (ici on traite celle du Viêtnam et celle d’Irak pour montrer que rien ne change), des mensonges de l’administration militaire et du gouvernement américain pendant et après les conflits mais également et simplement de ce que c’est d’être un ancien soldat au pays de l’Oncle Sam. Les guerres contemporaines faites par les États-Unis, leurs conséquences, leurs raisons et le statut de soldat sont des thèmes régulièrement traités par le cinéma américain et depuis des lustres au point d’en devenir un genre à part. Mais « Last Flag Flying » risque de ne pas rester dans les mémoires tant il est laborieux et n’apporte strictement rien de plus à ces sujets.
On a donc trois anciens Marines de la guerre du Viêtnam qui se réunissent sous l’impulsion de l’un d’entre eux qui vient de perdre son fils dans celle d’Irak. Le trio part donc sur les routes dans le but de l’enterrer. On aurait pu avoir droit à un beau road-movie plein de camaraderie entre rires et larmes avec en fond les questions concernant le fonctionnement militaire et ses désillusions. Mais hormis la problématique du mensonge quant aux décès des soldats (doit-on enjoliver la vérité pour apaiser la douleur des familles?), c’est l’encéphalogramme plat durant près de deux heures interminables. En effet, c’est bourré de longueurs, de scènes étirées inutilement et tout cela sur un rythme vraiment neurasthénique et presque soporifique. « Last Flag Flying » est de plus trop bavard avec des dialogues tout sauf passionnants. C’est plutôt comme si on écoutait des anecdotes d’une bande d’amis qui se remémorent leurs souvenirs alors qu’on n’y était pas. On ne se sent jamais concerné et on s’ennuie au point que seuls les acteurs parviennent à rire et à pleurer.
Il est étonnant de voir Richard Linklater à la barre d’un film si classique, vieillot et raté. On lui doit tout de même quelques pépites pleines d’originalité. C’est un cinéaste qui ose (« Fast Food Nation » et sa critique acerbe de l’industrie agro-alimentaire), qui expérimente (« A scanner darkly » avec sa technique animée révolutionnaire), qui prolonge ses œuvres (la trilogie « Before ... » sur deux décennies), qui surprend (le très beau « Boyhood » et son tournage sur plusieurs années) et qui scinde (le chef-d’œuvre - mais pas pour tout le monde - « Bernadette a disparu »). De voir « Last Flag Flying » donne l’impression que c’est un homonyme du réalisateur tant la caméra est paresseuse, le scénario inabouti et le résultat d’une fadeur absolue. Il n’y a rien ici qui sorte de l’ordinaire. Heureusement que certains des acteurs rehaussent un peu le niveau. Bryan Cranston et Laurence Fishburne permettent de supporter la torpeur qui nous gagne par leur métier et leur investissement dans leur rôle. En revanche, Steve Carrell et son jeu mutique et redondant déçoivent. Bref, une œuvre amorphe, longue et fastidieuse qui traite mal son sujet et ne passionne absolument pas. Même l’émotion est aux abonnées absentes et on a hâte que cela se termine surtout que la fin contredit tout ce qui a été dit auparavant rendant le message final opaque...
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