Bon an mauvais an, il y a toujours au moins un film d'horreur qui prend l'affiche pour l'Halloween. Et ce n'est pas la pandémie qui changera la situation. Come Play pourrait d'ailleurs s'apparenter à une métaphore de cette crise qui sévit et qui n'épargne rien ni personne. Une période de noirceur où la solitude règne.
Elle est d'autant plus criante chez Oliver (Azhy Robertson), un jeune garçon souffrant d'autisme qui est incapable de communiquer avec le monde extérieur. Maman (Gillian Jacobs) le surprotège, papa (John Gallagher Jr.) travaille trop et ses camarades de classe le prennent en grippe. Il passe tout son temps à regarder des émissions de Bob l'éponge, jusqu'au jour où Larry, un monstre issu d'un livre pour enfants, lui demande d'être son ami...
En adaptant son court métrage Larry en long format, le cinéaste Jacob Chase tente de rallier deux solitudes. De mettre sa créativité au profit d'un grand studio en offrant ce que le client demande - ce qui inclut une histoire généralement limpide, des sursauts gratuits et une conclusion ouverte pour une suite - tout en amenant sa propre couleur, sa façon unique de voir et de traiter le genre. Derrière son classicisme et son manque de surprises, il y a pourtant de belles choses qui émanent de Come Play.
C'est le cas de l'introduction, particulièrement angoissante, où le spectateur ressent littéralement ce que vit et éprouve le héros la nuit dans son lit. La caméra ne lui donne aucun répit, créant une éprouvante bulle de claustrophobie. Dans la pénombre, tout peut arriver. C'est à se demander à quoi aurait ressemblé le récit s'il avait suivi cette voix jusqu'au bout.
Dès que la lumière s'ouvre, l'ensemble devient beaucoup plus normal et conventionnel. Une anomalie lorsqu'il est justement question d'un protagoniste hors de l'ordinaire. Mais encore là, tout n'est pas noir ou blanc. La tension se crée lentement, mais sûrement, au détour de scènes trop explicatives, mais également de séquences mi-terrifiantes mi-amusantes, qui exploitent convenablement le médium. La photographie suggestive de Maxime Alexandre (éternel complice d'Alexandre Aja) et les mélodies inquiétantes de Roque Banos s'occupent du reste.
Dans la lignée du supérieur Babadook, le scénario traite l'autisme, l'anxiété et la solitude par l'entremise d'une bête féroce, réelle ou imaginaire, dont les maux se font clairement ressentir. Une métaphore puissante de ce mal omniscient, accompagnée d'effets spéciaux volontairement rudimentaires qui mettent en valeur le jeu convaincu d'Azhy Robertson (déjà remarqué dans Marriage Story).
Le monde des adultes n'est pas en reste et si leurs personnages ne sont pas aussi complexes ou soignés, Gillian Jacobs et John Gallagher Jr. offrent des performances acceptables. Un effort a toutefois été mis afin de dépeindre les peurs et les craintes des parents. Cela se fait par un rappel sardonique que les écrans de télévision et de cellulaire sont néfastes (le méchant s'y échappe pour accomplir ses méfaits!) et que l'amour d'une mère aura toujours le dernier mot. Un mélange d'épouvante et de sentimentalité pour une finale chargée en émotions fortes.
Dans une année déjà solide en films d'horreur réussis (The Invisble Man, She Dies Tomorrow, The Antenna, Amulet...), Come Play ajoute de l'huile à l'engrenage, de la terreur fictive et divertissante afin d'oublier celle trop tangible.