Ce n'est pas quelque chose qu'on aime constater, parce que cela se rapproche d'un certain ostracisme basé sur l'âge (au lieu de la couleur de peau ou la religion) qui nous dégoûte, mais on n'a pas vraiment le choix dans le cas de Larry Crowne : voilà un film de vieux. À défaut de dire un film de has been; Tom Hanks et Julia Roberts ont déjà été plus à la mode, mais ils ne sont quand même pas si dépassés que ça... D'autant qu'ils sont extrêmement connus et qu'on ne risque pas de reconnaître un personnage derrière les vedettes planétaires qu'ils sont. Dommage, quand on raconte l'histoire d'un homme qui a de la difficulté à payer son hypothèque (ce qui n'est pas le cas de Tom Hanks).
Larry Crowne est donc un film qui, malgré ses prémisses socialement engagées, se contente de bien peu : une comédie romantique bien banale qui met en vedette deux grandes vedettes rouillées. Hanks semble complètement désemparé dans cet univers, lui qui cumule les fonctions de réalisateur, co-scénariste et d'acteur principal. Toutes ses tâches en sont affectées, surtout que le scénario, matériau de base d'un film réussi, se consacre à quelques blagues mollasses qui ratent la cible. Julia Roberts, quant à elle, semble s'ennuyer autant que nous.
Un film pour les vieux, ça veut dire un humour pour les vieux : rions de voir Tom Hanks mettre son polo dans ses pantalons et surtout rions de la jeune fille charmante qui lui refait sa garde-robe! Rions de lui qui ne sait pas se servir d'un téléphone cellulaire, de lui qu'on peut apercevoir dans l'oeil magique de la porte et qui se ridiculise! Premier jour d'école? Il faut se joindre à une gang (qui claque des doigts)! Vous voyez le genre... Ça veut dire aussi que les méchants maris (dont il faudra se débarrasser éventuellement) regardent de la porno soft (des filles en maillot de bain en fait, mais elles ont des gros seins) et que madame n'aime pas ça, ce qui semble être l'élément déclencheur d'un divorce. Bon... en plus d'être un film de vieux, s'agit-il d'un film de matantes? Ce serait encore pire...
Hanks, qui en est à son deuxième long métrage comme réalisateur, a des habitudes télévisuelles bien ancrées : caméra simpliste, champ/contre-champ et musique omniprésente qui vient alourdir inutilement les scènes déjà longuettes. Et puisque le scénario ne propose aucune surprise... On est en face d'un exemple typique : un film qui se veut encourageant, qui veut propager du bonheur, « faire oublier ses problèmes du quotidien ». Pour ce faire, le film néglige les problèmes du quotidien de ses personnages et les fait interagir dans un monde où tout va bien aller, malgré tous les problèmes. L'amitié, les efforts, la bonne foi, tout ça suffit, même quand on n'a pas d'argent... C'est un peu court.