Prenant l'affiche pour la fête des Mères, Snatched sera l'exutoire comique rêvé entre deux drames plus sérieux de type Bergman et Almodovar.
D'autant que le long métrage fait amplement voyager, amenant une célibataire (Amy Schumer) et sa matriarche (Goldie Hawn) en Équateur. Le soleil brille, l'alcool coule à flots, les beaux gars ne manquent pas... et le duo finit tout de même par se faire kidnapper!
Rien n'est à prendre au sérieux dans ce récit rocambolesque produit par Paul Feig, où la ligne directrice (la réconciliation mère-fille) n'est qu'un prétexte à une succession de sketchs variés. Si la qualité des gags est forcément inégale, la plupart fonctionnent haut la main. L'humour mélange tendresse et vulgarité avec un savoir-faire évident, réunissant à des degrés divers ce qui fait la force de Judd Apatow et des frères Farrelly. Ce qui débute par quelques sourires discrets se transforme en des rires vraiment prononcés (le portrait de l'Amérique en prend pour son rhume et les cadavres se multiplient comme par magie). Les excès de folie abondent au même titre que les clins d'oeil et le plus délicieux est celui envers la franchise Alien.
Continuant sur sa lancée complètement cinglée amorcée sur son précédent et hilarant The Night Before, le cinéaste Jonathan Levine mise tout sur le premier degré. Si l'on regrette forcément la profondeur de The Wackness et 50/50, il est pourtant difficile de s'ennuyer. Sa réalisation évite généralement les temps morts et elle est dynamique, alternant les styles avec aisance. Sans doute qu'il ne faut pas s'attendre à des plans de jungle aussi soignés que dans le magnifique The Lost City of Z, mais son but était de rendre limpide ce qui aurait facilement pour s'éparpiller.
Retournant finalement au cinéma après son jubilatoire Trainwreck, Amy Schumer fait briller un scénario qui n'est pas toujours édifiant. Malgré de nombreuses balises, la plus importante humoriste du moment est capable de soutirer le meilleur de ce matériel souvent limité. Impossible de résister à ses mimiques et à son duo relevé avec Goldie Hawn qui sort de sa retraite spécialement pour l'occasion. La compagne de Kurt Russell n'a jamais été l'actrice la plus nuancée, ce qui ne l'empêche pas de s'acquitter honorablement de la tâche. Le tandem est bien entouré par des comédiens aguerris que ce soit Joan Cusack en protectrice incroyable et Ike Barinholtz en frangin pitoyable.
Si l'on oubliera assez rapidement Snatched, le film met de bonne humeur du début à la fin et il s'avère une sortie plutôt recommandable entre parents et progéniture avertis. Il n'y aura pas de prises de tête familiale de type C'est le coeur qui meurt en dernier et c'est peut-être mieux ainsi. Il n'y a aucun mal de temps en temps à troquer la gravité pour une légèreté sans prétention qui divertit sans effet secondaire. À condition seulement de ne pas s'y confiner.