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Invasion peu commune.
Voilà un film aussi étrange que le laisse suggérer son titre! D’ailleurs, pas sûr que la signification de celui-ci soit bien comprise tout comme toutes les métaphores, paraboles et autres symbolismes voulus par le réalisateur. En tout cas, « Paysage à la main invisible » est une expérience cinématographique peu commune et très particulière mais paradoxalement très accessible à tous, ce qui apparaît comme un beau tour de force. Ce dernier on le doit à Cory Finley qui développe une filmographie de plus en plus intéressante mais qui subit malheureusement les aléas de distributions confidentielles ou sur plateformes. C’est son troisième film après l’excellent et étouffant suspense « Pur-sang » avec Anya Taylor-Joy et le tout aussi réussi « Bad Education » avec Hugh Jackman et Alison Janney. Un second essai en forme de téléfilm puisque destiné à être diffusé sur HBO et dans quelques rares salles (et on le ressentait malheureusement un peu sur la forme un peu pauvre) qui narrait un scandale de délits d’initiés et de détournement de fonds publics dans les hautes écoles de Long Island avec beaucoup de piment et de jubilation. Preuve que l’homme est un touche-à-tout qui a quelque chose à dire et qu’il faut suivre, il investit différents genres pour parler des scories de nos sociétés malades. Et cette fois il le fait de manière incongrue puisque par le biais d’une invasion alien pas comme les autres. Sorti l’été dernier en catimini aux USA, c’est certainement son film le moins réussi des trois mais aussi le plus osé, risqué et casse-gueule...
D’ailleurs, attention aux fans de science-fiction pure et dure, ce film n’est pas pour vous si vous vous attendez à des aliens belliqueux et des scènes de destruction massive à la « Independance Day ». Non, « Paysage à la main invisible » utilise les aliens pour croquer les travers de notre humanité avec le consumérisme excessif qui nous mène à notre perte, les sentiments humains et les leurres qui vont avec ou encore les différences de classes. Ce n’est pas toujours évident ni clair mais on le ressent en filigrane. La preuve, le film commence une fois l’invasion terminée et le prologue nous explique dès le départ qu’humains et extraterrestres vivent désormais dans une forme de cohabitation forcée. Il y a pas mal d’idées inédites et excellentes comme la nouvelle nourriture ou le langage de ces envahisseurs, pendant comique de ceux de « Premier contact », et d’autres qui tombent plus à plat comme l’histoire de cette fresque. Dans tous les cas, le propos manque parfois un peu de clarté et de vulgarisation.
En revanche, si tout cela est original, imprévisible et singulier (même si on pense un peu dans la tonalité à « H2G2, le guide du voyageur intergalactique »), le film manque de direction claire. D’une histoire d’amour avortée, à une colocation forcée entre deux familles en passant par une catharsis par l’art et un podcast romantique et anthropologique destiné à captiver les aliens pour gagner de l’argent, « Paysage avec une main invisible » se perd un peu dans ses virages narratifs. Et si certaines séquences nous happent, d’autres tombent à plat, et quelques longueurs viennent perturber l’appréciation de cette expérience étonnamment tous public malgré son postulat et son histoire. Et même si le sous-texte sous-jacent ne sera pas saisi par les plus jeunes, le film se suivra sans déplaisir. Notons enfin le design extraterrestre le plus improbable qui soit avec ces aliens qui ressemblent à des poufs de salon à quatre pattes à la texture de cervelles humaines!
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