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On choisit pas sa famille.
Le postulat de « La vraie famille » est typiquement celui qui aurait pu illustrer ou garnir un débat sur les familles d’accueil en préprogramme sur une grande chaîne lors d’une soirée à thème. C’était le genre de programme film qui proposait un film ou un téléfilm mettant dans des situations fictionnelles le sujet du débat du soir. Heureusement, ce long-métrage est bien plus que cela et s’éloigne totalement de ce type de téléfilms grâce à de nombreux points et notamment celui de se mise en scène qui transpire le cinéma. Dès la séquence d’introduction dans un camp de vacances on est mis dans le bain (et c’est le cas de la dire) avec des séquences familiales emplies de naturel et de complicité entre les acteurs adultes et enfants. A tel point qu’on est totalement dans le vrai et qu’on se croirait face à une vraie famille justement. Et cela va se réitérer plusieurs fois lors du long-métrage, renforçant le socle du réalisme auquel on a besoin pour s’attacher à eux et être touché par cette histoire comme il doit en arriver tant. Mais ce qui met cette œuvre encore un cran au-dessus, c’est bien la manière dont Fabien Gorgeart filme ses séquences précises mais aussi toutes les autres. Sa caméra est aérienne, virevoltante, faite de plans-séquence qui suivent au plus près chacun des protagonistes, évitant ainsi d’être statique ou les paresseux champs/contrechamps. Une fluidité dans le montage et une photographie moderne et esthétique finissent d’installer « La vraie famille » loin, très loin, de tous les aspects téléfilm dans lesquels il aurait pu tomber. Une caméra aussi tourbillonnante et surtout une mise en scène aussi soignée et adaptée dans un drame familial comme celui-ci, on n’avait pas vu cela depuis longtemps. On pense peut-être au sublime « Le premier jour du reste de ta vie » de Rémi Bezançon.
Le sujet en lui-même est parfaitement traité et tant mieux puisqu’il est d’ordinaire plutôt timide au cinéma. La question est simple : comment faire lorsqu’on accueille un enfant qui n’est pas le sien et qu’on doit le rendre à sa vraie famille de sang une fois celle-ci apte à le récupérer? Les notions de droit, d’attachement et d’héritage sont mises en branle. Et si « La vraie famille » se focalise sur à peu près tous les personnages la composant, c’est celui de la mère incarnée par Mélanie Thierry qui répercute à raison le plus d’attention. Elle a pris son rôle à bras le corps (et se positionne probablement en bonne place pour être nommée aux prochains Césars) et irradie de mille feux. La séquence finale, forcément déchirante, vient enfoncer le clou de son talent et d’une prestation habitée, forte et intense. Les enfants sont tout aussi impeccables ce qui est indispensable vu l’importance de leur rôle. Sans exagération, avec simplicité et pudeur, le film montre parfaitement la difficile séparation entre une famille d’accueil et un enfant. Mais aussi, quoiqu’un peu moins comme le long-métrage se concentre sur la première, sur la probable difficile adaptation d’un gamin dans sa nouvelle famille, quand bien même c’est la sienne. Les dernières images apportent une note d’espoir positive après l’émotion des adieux. Enfin, on termine ce très joli film avec une larme à l’œil et l’impression d’avoir vu une œuvre à la fois sociale et dramatique dotée d’une portée cinématographique de chaque instant et d’interprètes investis. Une œuvre touchante, forte et puissante mais aussi bourrée d’humilité.
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