********* Vu au Festival du Film de Toronto 2019**********
Just Mercy fait partie de ces oeuvres crument réalistes qui nous habitent encore des heures après le visionnement. Elle met en scène des personnages vibrants qui ébranlent nos convictions et nos valeurs. Le fait que le film est inspiré de réels évènements s'étant déroulés en Alabama dans les années 80 rend la chose d'autant plus déchirante. On est irrémédiablement choqué en constatant le sort que les autorités ont réservé à Walter McMillian, un bûcheron afro-américain, qui a été accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, puis condamné à mort avant même la tenue de son procès. Alors qu'il était résigné à sa situation, dégoûté par un système pourri de l'intérieur, un jeune avocat noir fraîchement diplômé d'Harvard est débarqué dans le couloir de la mort pour lui venir en aide.
Just Mercy est avant tout le théâtre de performances d'acteurs magistrales. L'acteur Jamie Foxx, qui interprète la principale victime, Walter McMillian, est particulièrement épatant. C'est dans le non verbal qu'il est le plus juste et le plus intense. Son alter ego n'est pas particulièrement loquace, mais il nous laisse entrevoir les tréfonds de son âme à travers l'intensité dramatique de son regard. Même si on aurait aimé que le personnage interprété par Michael B. Jordan soit plus développé, moins superficiel, on ne peut nier la justesse de son empoignante interprétation. Et, on ne peut passer sous le silence la performance de Rob Morgan, qui nous donne froid dans le dos grâce à ce rôle d'un condamné à mort qui n'a pu échapper à la chaise électrique. Mentionnons que l'homme qu'il incarne (Herbert Richardson) a, lui aussi, réellement existé.
Malgré la force du discours, le réalisateur Destin Daniel Cretton n'a pas pu élever suffisamment son film pour le rendre supérieur aux autres drames judiciaires du même genre. On est happé par cette histoire d'injustice grossière, mais, sans les prestations spectaculaires des comédiens, Just Mercy aurait été plutôt anonyme. Quelques passages restent tout de même mémorables dans le traitement de Cretton. Ce moment où Walter McMillian (Foxx) parvient à calmer son ami, en crise dans une cellule près de lui en lui enseignant une technique de respiration, marque les esprits. Plusieurs scènes entre Foxx et B. Jordan en imposent aussi.
Sans nous faire la leçon, Just Mery nous force à regarder ce dont, généralement, on préfère faire abstraction. Destin Daniel Cretton braque sa caméra sur une réalité choquante et dérangeante, mais qui mérite pourtant qu'on l'évoque et l'analyse.