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Sublime Euridice.
Voilà une œuvre qu’on n’attendait pas aussi forte et belle. Il n’en demeure pas moins qu’elle nous emporte durablement dans son tourbillon romanesque et nous hypnotise la rétine durant plus de deux heures avec maestria. Auréolé d’un Grand Prix mérité dans la section Un Certain Regard au dernier festival de Cannes, le film de Karim Aïnouz confirme la vitalité (et la diversité) du cinéma brésilien contemporain à l’instar de son compatriote Kleber Mendonca Filho (le beau « Aquarius ») et d’un cinéma argentin voisin tout aussi prolixe, des films de Lucrecia Marel (« La Cienaga ») à ceux de Michel Franco (le tétanisant « Despues de Lucia »). Avec « La vie invisible d’Euridice Gusmao », on nage en plein mélodrame à l’ancienne, de ces tragédies comme on n’en fait plus qui vous étreignent sans discontinuer et dont les émotions vous transpercent de toutes parts. Mais attention on n’est pas non plus dans un film passéiste ou désuet bien qu’il se situe dans les années cinquante et soixante; ce qui permet ainsi la plausibilité d’une histoire qui ne le serait plus de notre temps avec tous les moyens de communication actuels. Non, c’est une œuvre malgré tout moderne qui pourrait avoir une certaine résonance dans le Brésil d’aujourd’hui, un Brésil qui fait un pas en arrière dans le progressisme social et religieux avec son nouveau dirigeant. Mais attention, on est avant tout dans un beau drame feutré et cet aspect n’est qu’une interprétation contextuelle et ce n’est pas du tout le sujet du film.
L’histoire, faite d’occasions manquées et de coïncidences malheureuses, est parfaitement écrite et chorégraphiée. Elle nous déchire le cœur. Difficile à résumer sans en déflorer la teneur, on dira juste que c’est celle de deux sœurs séparées par un triste coup du sort et un père braqué sur des traditions archaïques. Deux jeunes femmes qui vont se manquer durant des années, des décennies, alors qu’elles vivent dans la même ville. Une sororité gâchée par un mensonge honteux. Aïnouz filme ces tristes événements d’une manière à la fois éminemment réaliste mais en même temps avec un lyrisme inattendu. Et le mélange des deux fonctionne à merveille sur le plan visuel entre couleurs chatoyantes et scènes éthérées (la scène de liesse dans le bar avec le marin grec) qui côtoient d’autres totalement ancrées dans un réalisme cru (la nuit de noces après le mariage). La lumière, les textures et les angles d’une caméra nonchalante sont en tous points admirables et font penser à un certain cinéma asiatique, dont le « In the mood for love » de Wong-Kar Waï (la photographie est ici signée de la française Hélène Louvart) en premier lieu. Esthétiquement, cette saga féministe est donc un diamant taillé avec soin, beau et envoûtant. Elle prend la forme d’une fresque tragique alternant moments de douceur et d’autres plus cruels. Ces deux destinées qui se parlent sans se répondre impriment durablement notre esprit jusqu’à un final littéralement bouleversant et déchirant. Du grand cinéma exotique et romanesque et une excellente surprise.
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Sensible
Une histoire sensible, touchante racontée avec brio. Drame déchirant, on s'attache aux deux soeurs et on suit facilement leur évolution à travers quelque décennies. Très bien réalisé, le film est charmant, poignant, captivant.