Les attentes font partie du processus de l'expérience du cinéma. Parfois elles sont positives, créant un engouement favorable, et parfois elles sont, comme dans ce cas précis, plutôt nuisibles. Comme 50/50 avait été une surprise mémorable au sein du paysage cinématographique en 2011, nous avions présumé que cette nouvelle collaboration entre les acteurs Joseph Gordon-Levitt et Seth Rogen et le réalisateur Jonathan Levine serait aussi rafraîchissante... Malheureusement, nos présomptions ne se sont pas concrétisées.
The Night Before, malgré ses quelques bonnes idées, ne possède pas l'originalité, l'ingéniosité et la candeur de 50/50. Le nouveau film de Levine ressemble à toutes ces autres comédies de stoner, mais à Noël. Peut-être est-ce l'absence au générique de Will Reiser (qui avait rédigé les textes de 50/50) qui explique cette absence de fraîcheur et cette mollesse de la narration, mais le scénario manque certainement de vigueur pour accomplir sa tâche. Le joint rédempteur, le dealer inquiétant, le badtrip foudroyant comprenant son lot d'hallucinations et de désordres émotionnels imprévisibles et, évidemment, des situations et des personnages extravagants au sein d'une histoire plus ou moins bien définie, voilà un classique « stoner movie ».
Bien que la comédie figure dans un style bien particulier, qui a su faire ses preuves au fil des décennies (Pineapple Express en est un bon exemple), The Night Before ne possède pas suffisamment d'éléments distinctifs pour nous permettre de la définir comme marquante. Le long métrage n'est pas un échec lamentable, certains passages sont particulièrement hilarants (notons l'apparition d'un certain « James »), et la seule idée de placer ce genre de comédie dans une atmosphère de temps des fêtes était judicieuse. Mais l'étonnement qui occasionne tant de rires dans ce genre de films habituellement n'est pas aussi notable qu'on l'aurait espéré. On peut même affirmer que The Night Before est assez prévisible...
Les références au classique Christmas Carol de Charles Dickens (les Noëls présents, passés et futurs) sont plutôt amusantes, mais auraient dû être plus récurrentes au sein du récit pour avoir un réel impact humoristique. Elles ne sont ici qu'anecdotiques. Autre déception : cette fâcheuse tendance à la romance que prenne parfois ce type de productions pour convaincre le public féminin et humaniser l'histoire. Ce couple que forme Joseph Gordon-Levitt et Lizzy Caplan n'est pas suffisamment crédible pour convaincre. Et les acteurs n'y sont pour rien. Le problème se trouve plutôt dans la construction trop complexe de leur relation. Mentionnons quand même que Gordon-Levitt, Rogen et Mackie forment un trio convaincant, même si leurs personnages manquent souvent de fini.
The Night Before est ce film de drogués qui se doit d'être consommé lorsque les facultés sont affaiblies. À jeun, il est, malheureusement, plutôt anonyme.