La vallée des larmes, le deuxième long métrage de Maryanne Zéhil, journaliste libanaise établie au Québec depuis une quinzaine d'années, fait le pont entre le Québec et le Liban à travers deux personnages, une éditrice québécoise et un homme à tout faire palestinien réfugié au Liban. Dommage que ces deux personnages soient si peu crédibles, car ils sont nécessaires à tout ce que le long métrage essaie de faire, que ce soit émouvoir ou conscientiser. Miné par des performances en demi-teinte et par un scénario particulièrement maladroit, le film devient rapidement un lourd mélodrame affecté et redondant. Pire encore, il finit par être moralisateur.
D'abord, l'histoire : confiné à une structure démodée (le récit en flash-backs), le scénario ne parvient pas à proposer de véritable tension. C'est probablement parce qu'il met en scène une éditrice qui ne fait rien de ses journées, frappée d'alcoolisme narcoleptique et forcée de se rendre au chevet de sa mère dans le coma (qui n'a d'ailleurs pas de véritable influence sur le récit (voir*)) et un Libanais bipolaire qui cache sans cesse quelque chose. Il faut un revirement dramatique de grande ampleur pour donner un second sens à ses gestes, mais il est si maladroitement filmé (et arrive bien trop tard dans le récit) que c'est peine perdue. Il était pourtant bien trouvé.
Les dialogues sont particulièrement maladroits : l'information essentielle est livrée par des répliques peu crédibles ( « Salut patron, c'est ton ex. ») et particulièrement lourdes qui ajoutent sans cesse du sens, et du sens, et du sens, sans lier ces significations entre elles. Comme si le spectateur allait trouver lui-même un lien entre le pardon d'une fille pour sa mère* et la vengeance d'un homme au nom de tout un peuple, alors que le lien entre les deux est plutôt ténu. D'autant que la finale, qui appelle à la paix, s'avère tout particulièrement appuyée et naïve.
Les acteurs - à l'exception de l'actrice principale Nathalie Coupal, qui est généralement sentie même si son jeu est figé - sont particulièrement malhabiles et élémentaires. Une gravité ridicule dans leur jeu, comme si chaque respiration était une souffrance innommable, et une rigidité dans les dialogues rendent ridicules tous leurs efforts. Encore une fois, beaucoup d'information passe par des dialogues qui sont en plus faussement poétiques.
Le mot-clé ici, c'est vraiment « maladroit », et surtout pas « mal-intentionné », car les thèmes proposés sont intéressants au-delà des défauts mentionnés plus haut. Mais leur déclinaison est simpliste et on n'arrive jamais à parler de thèmes globaux plutôt que de l'histoire spécifique de cet homme et de cette femme. D'autant que si la direction artistique n'était pas si élémentaire et la réalisation aussi anonyme - peut-être limitée par des contraintes budgétaires, ce qui ne nous appartient pas d'évaluer - peut-être aurait-on mieux cerné l'essentiel et qu'on n'aurait pas été distrait par toutes ces maladresses.