L'adaptation de la série de romans The Dark Tower de Stephen King est en développement à Hollywood depuis un bon moment déjà. Les studios se sont échangé le projet comme s'il s'agissait d'une grenade qui risquait de leur exploser en plein visage et causer des dommages irréparables d'un instant à l'autre. Avec du recul, peut-être n'avaient-ils pas tort d'être aussi méfiants...
Si l'on ne sait pas que ce film est inspiré d'une série de bouquins du maître de l'horreur, nous pourrions très bien croire que The Dark Tower est l'adaptation d'un autre roman jeunesse insipide dans lequel un adolescent découvre qu'il possède des pouvoirs surnaturels et devient rapidement le seul espoir de la survie de l'humanité.
On aurait espéré un climat général plus sinistre et des personnages plus crédibles. L'Homme en noir de Matthew McConaughey fait bien pâle figure en comparaison à d'autres monstres impitoyables du grand écran. Le col en V et les cheveux en brosse du personnage, qui est censé être le plus cruel d'entre tous, voire l'incarnation même du mal, ne sont pas particulièrement convaincants. L'acteur s'efforce d'apporter une condescendance et un mépris universel à son alter ego, mais ses efforts sont vains; l'Homme en noir est risible.
Le jeune Tom Taylor, qui interprète le préadolescent ayant des dons de voyance, ne se démarque pas particulièrement non plus. Il est plutôt difficile de croire en son personnage d'élu que tout le monde sur Terre considère comme schizophrène. Heureusement, le Pistolero d'Idris Elba s'avère légèrement plus persuasif. Sombre et tourmenté, le protagoniste représente ce qu'aurait dû être l'univers entier de The Dark Tower.
La production a visiblement fait beaucoup d'efforts afin que The Dark Tower ne soit pas trop violent. Malgré les horreurs que l'Homme en noir inflige à ses victimes, il n'y a que très peu de sang et de corps mutilés à l'écran. Sony tenait à son classement de « PG-13 » et cet acharnement est tristement constatable à l'image.
Quand on sait que The Dark Tower est une série de huit livres, on comprend mieux pourquoi le long métrage de 95 minutes nous parait incomplet. La franchise possède son propre langage (le « shinning », les « Tahines », le « Roi Cramoisi »), mais le film ne prend pas le temps d'installer ce vocabulaire spécifique. On nous lance des termes au visage sans les mettre en contexte, ce qui a tôt fait d'agacer le spectateur.
The Dark Tower est ennuyant et oubliable. Stephen King risque d'être plutôt déçu de ce qu'Hollywood a fait de son oeuvre...