Vous savez ces comédies (romantiques, dramatiques, pathétiques) françaises inodores, incolores et sans saveur qui se ressemblent toutes et qui arrivent jusqu'à nous pour des raisons plutôt nébuleuses (ici, on doit probablement pointer du doigt la Québécoise Charlotte Le Bon qui tient le rôle principal)? La stratégie de la poussette entre dans cette triste catégorie. Insipide, ennuyeuse et ne renfermant aucune idée particulièrement originale qui nous permettrait de faire abstraction de ses fautes communes, le film de Clément Michel déçoit dès les premières secondes.
Même ses prémisses sont décevantes et peu invitantes; un couple qui se sépare parce que l'homme ne souhaite pas avoir d'enfant et qui se retrouve un an plus tard alors ce dernier garde le bébé de sa voisine et feint d'en être le père. Le long métrage suggère qu'un homme avec un enfant est attirant pour une femme célibataire, qu'un jeune père divorcé ou séparé est un bon prospect et une personne fiable. Déjà, le postulat est plutôt lacunaire. Asseoir une comédie romantique sur cette proposition était risqué, même un peu superficiel. Un homme qui tente de reconquérir son ancienne flamme avec l'enfant d'une autre a quelque chose d'immoral qu'il est difficile de passer outre. Comment la mère abandonne son fils dans les mains d'un étranger aussi aisément et qui après se plaint haut et fort de l'attachement que l'individu porte à son enfant s'avère aussi assez inconséquent. Et on ne parle pas ici de la manière dont le petit se retrouve magiquement dans les mains de l'étranger, qui est des plus absurde.
La stratégie de la poussette renferme aussi énormément de clichés. Tellement qu'ils nous dérangent inévitablement et qu'on ne peut les nier. Un homme dans la vieille trentaine qui ne sait pas changer une couche et qui assiste avec perplexité aux nombreux cours offerts aux jeunes parents est une optique pour le moins convenue... Même le concept fondamental du film - un homme qui tente de séduire une femme avec un bébé - est stéréotypé et maniéré. On reprend de vieilles blagues de 3 Men and a Baby (1987) (remake de Trois hommes et un couffin (1985)) en les modernisant légèrement croyant que le public n'y verra que du feu, mais le cinéphile en a vu d'autres et comprends rapidement qu'on tente incognito de lui « passer du vieux stock ».
Heureusement, le couple que forment Le Bon et Raphaël Personnaz est crédible et attachant. Mais, même si une comédie romantique repose sur la chimie entre les deux héros, elle n'est pas suffisante à elle seule pour supporter toute une production. Il faut aussi une substance narrative pour soutenir les personnages, il faut un contenu pertinent, un charme qui permettra aux spectateurs d'adhérer à l'histoire et de s'enticher des protagonistes; ce que La stratégie de la poussette ne possède définitivement pas.
Grand bien pour Charlotte Le Bon qui connaît de plus en plus de succès en France et qui se retrouve de plus en plus en tête des productions, mais La stratégie de la poussette n'est définitivement pas son plus grand succès des dernières années. Au moins, le film n'est pas à l'affiche dans beaucoup de salles et disparaîtra de nos cinémas et de nos mémoires bien vite.