Après Et maintenant on va où?, paru dans les salles québécoises en mai dernier, voici venir un nouveau drame social, qui prend régulièrement des allures de conte, sur un groupe de femmes qui décident de changer leur situation, devenue invivable. La source des femmes est par contre beaucoup plus grave que n'avait pu l'être le film de Nadine Labaki. Il est difficile - pour une femme qui plus est -, de rester de glace face à une épouse qui se fait battre et violer par son mari parce qu'elle décide de se rebeller (et on a déjà vu des rébellions plus musclées qu'une inoffensive grève du sexe). Le long métrage franco-italo-belge dépeint un mouvement féministe moderne au sein d'une société ancrée dans des traditions antédiluviennes et des mentalités archaïques. En tant qu'athées ou catholiques non pratiquants occidentaux, nous avons l'habitude d'associer ces coutumes machistes à la religion, mais le film nous prouve que le Coran et Allah ne prônent guère le clivage des genres, ce sont les humains qui l'imposent aux textes sacrés...
Comme c'est le cas avec Et maintenant on va où?, le long métrage de Radu Mihaileanu est parsemé de séquences musicales. Celles de La source des femmes sont par contre moins influencées par les comédies musicales bollywoodiennes et se contentent de chants symboliques et métaphoriques qui font avancer la narration, plutôt que de la faire stagner inutilement. Les voix des interprètes contribuent également à la beauté de ces chants, dans une langue aux antipodes de la nôtre. Leïla Bekhti, qui incarne la protagoniste (qui porte d'ailleurs le même nom qu'elle), est lumineuse et inspirante. Saleh Bakri est également très compétent dans le rôle du jeune époux compréhensif (jusqu'à perdre son emploi pour la cause de sa femme) et la jeune Hafsia Herzi, qui personnifie une adolescente frivole qui rêve de liberté et d'amour passionné, amène un peu légèreté à ce film généralement lourd.
Même si le récit est suffisamment intéressant pour nous maintenir en haleine et la cause assez noble et légitime pour nous atteindre émotionnellement, plusieurs minutes auraient pourtant pu être coupées du montage final pour alléger la production. Certains revirements (l'ancien prétendant de l'héroïne qui débarque dans le village par exemple) sont assez inutiles et nuisent à l'harmonie globale et au rythme de l'oeuvre. Le scénario manque parfois d'inspiration et prend des détours bancals pour justifier certaines situations. Nombre de clichés viennent également compromettre l'intégrité de l'oeuvre. Les stéréotypes entourant les femmes voilées et les sociétés arabes sont innombrables et rien dans ce film ne les dément, si ce n'est que ce petit couple moderne qui a refusé le mariage arrangé et qui se soutient et s'aime à la manière d'un conte de fées. On troque un poncif pour un autre, encore plus universel et usuel, celui du véritable amour. Le long métrage ressort également tous les classiques du féminisme et n'a que très peu de nouveaux arguments pour défendre la doctrine.
La source des femmes exploite une thématique importante; l'apport et la considération des femmes dans les sociétés maghrébines, mais le fait avec trop d'inconstance dans son discours et son style. La gravité du sujet s'estompe régulièrement pour laisser place à des conjonctures que l'on voudrait amusantes et frivoles (comme lorsque les femmes dansent et chantent leur mécontentement dans la ville). La source des femmes manque de symétrie et d'individualité, mais ne déroge pas de son objectif féministe et s'avère tout de même inspirant, malgré bien des fautes de constitution.
Nombre de clichés viennent également compromettre l'intégrité de l'oeuvre. Les stéréotypes entourant les femmes voilées et les sociétés arabes sont innombrables et rien dans ce film ne les dément.
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