Avant même de parler du film en tant que tel, parlons du titre... The Rhythm Section ou La section rythmique ne nous donne aucun indice sur le type de film que nous nous apprêtons à découvrir. Pire encore, il nous lance sur une fausse piste musicale qui n'a absolument rien à voir avec ce suspense d'espionnage musculeux. Sans être exagérément classique, on ne doit pas trop s'éloigner du sujet si on veut rejoindre son public sans détour.
Ceci étant dit, lançons-nous dans le vif du sujet. Il y a des moments où l'on se demande pourquoi des acteurs compétents acceptent de participer à des projets qui sont voués à l'échec sur papier. The Rhythm Section fait partie de ces fiascos prévisibles que Blake Lively et Jude Law auraient dû voir venir. Le scénario est bondé d'inepties et d'incohérences, à commencer par l'histoire de la protagoniste, une jeune étudiante émérite d'Oxford qui, après la mort de toute sa famille suite à l'explosion d'un avion par des terroristes, devient prostituée, puis, une tueuse en série entraînée par un ancien agent du MI6 pas clair. Comme on ne croit pas en ce personnage, motivé par une vengeance improbable, tout le reste se fragilise rapidement.
Blake Lively surprend quand même par l'intensité de son jeu. Elle est suffisamment investie pour nous berner dans quelques scènes d'action bien tournée. Sa transformation physique s'avère aussi plutôt impressionnante. Elle nous rappelle (en moins fracassante) celle de Charlize Theron dans Monster. Jude Law et Sterling K. Brown (This is Us), deux bons acteurs, sont complètement accessoires dans cette histoire. D'autres comédiens, moins talentueux, auraient pu livrer une performance semblable. Dans ce cafouillis narratif, la réalisatrice Reed Morano tire parfois son épingle du jeu. Certaines jolies séquences restent marquantes malgré tout. Mais, sa caméra est souvent bien trop expressive et nerveuse pour impressionner.
On a visiblement voulu faire un Jason Bourne au féminin avec The Rhythm Section (d'ailleurs, la réalisation nous rappelle un peu celle de Greengrass en 2016), mais l'échec n'aurait pu être plus grand. Le film ne prend jamais son envol. Après un prologue précipité et mélodramatique, on nous propulse dans une histoire sans queue ni tête qui ne trouve jamais le bon moyen pour nous captiver. Les producteurs espéraient clairement engendrer une franchise avec cette première proposition, mais on peut déjà affirmer que cela n'arrivera pas. Meilleur chance la prochaine fois.