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La route pour la tolérance.
Il y a des histoires vraies qui semblent faites pour nous être contées tellement leur potentiel cinématographique est évident. Alors quand en plus elles s’avèrent nécessaires pour faire évoluer les mentalités, il suffit d’un traitement adapté pour que cela devienne un bon film. En ce sens, « Joe Bell » est une réussite humble et simple. Le réalisateur ne cherche jamais à aller dans l’esbroufe, dans l’excès lacrymal ou encore à vouloir rendre cette histoire plus impressionnante qu’elle n’est. Il capitalise juste sur la puissance du propos, des bons acteurs et un récit bien construit. On suit donc avec plaisir ce père qui décide de traverser les États-Unis à pied pour rendre hommage à son fils qui s’est suicidé après avoir été harcelé à son lycée à cause de son homosexualité.
Même si cela semble évident quand on y repense, un rebondissement à la moitié du film rebat notre perception de ce périple avec malice. Un retournement surprenant quoique logique qui rend « Joe Bell » encore plus beau et émouvant. C’est le second film de Reinaldo Marcus Green après l’inédit « Monsters and Men » et avant « La méthode Williams » qui mettra Will Smith en scène dans le rôle du père des sœurs Williams, les célèbres joueuses de tennis. Et il ne cherche jamais à rendre son récit plus impressionnant ou plus larmoyant qu’il n’ait restant maîtrisant son sujet dans un équilibre narrait parfait. Il fait confiance à la force de son sujet ce qui rend son film pur, sincère et réaliste. On alterne les scènes sur la route, en forme de road-trip à pied donc, avec les flashbacks qui montrent les raisons qui ont mené au suicide du jeune garçon, ainsi que sa relation avec son père. Un procédé qui fait monter l’émotion crescendo dans un tempo parfait. Seule, la mise en scène en elle-même n’a rien de mémorable, elle est basique, mais s’adapte parfaitement au sujet qui ne demande pas vraiment de facéties techniques et visuelles.
Un tel film n’aurait pu être réussi sans des acteurs bien dirigés, qu’ils soient connus ou non. Et Mark Wahlberg, peu habitué à ce genre de productions, est sensationnel de sobriété. Il se fond dans le rôle sans jamais en faire trop. Mais c’est surtout le jeune Reid Miller qui impressionne dans la peau d’un adolescent gay tourmenté. Aussi sobre que son partenaire, il évite tous les clichés et son jeu s’avère aussi intense que le drame qui le touche. Notons aussi Connie Britton en mère dépassée qui apporte une touche féminine bienvenue à cette tragédie familiale. « Joe Bell » porte un message fort et simple sans tomber dans le travers de la propagande LGBTQ+. C’est un drame de la vie avec ce que cela comporte de moments durs, de moments touchants et d’abnégation avec quelques touches d’humour bienvenues désamorçant parfois la dureté du sujet. Dans tous les cas, c’est une œuvre simple, belle, prenante et ô combien nécessaire à l’heure des relents homophobes un peu partout dans le monde.
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