The Conjuring est certainement la meilleure série d'épouvante des dernières années. Mais pour deux tomes solides comme le roc, il y a des dérivés plus ou moins convaincants, comme Annabelle et maintenant The Nun.
Cet antépisode se déroule en Roumanie en 1952, dans un couvent hanté par une nonne démoniaque. S'il est davantage question de possession que de vampirisme, le décor lugubre à souhait semble tout droit sorti de Nosferatu ou des jeux vidéo Castlevania. Un lieu austère et menaçant, à l'esthétisme troublant, parfait pour donner froid dans le dos. Surtout que la photographie soignée et la musique outillée d'Abel Korzeniowski n'ont aucun mal à développer une ambiance et une atmosphère appropriées, qui sont décuplées dans une salle IMAX.
Il en faut toutefois plus pour faire peur et le spectateur l'apprend à ses dépens. En aucun moment, une réelle terreur ne se développe, si ce n'est par l'accumulation de sursauts gratuits. Les séquences d'angoisse, nombreuses à l'écran, ne fonctionnent pas, car elles sont presque toujours filmées de la même façon. Facile alors de les prévoir. Un manque d'imagination qui fait sourciller, principalement pour une franchise cherchant sans cesse à se surpasser. La tentation est grande d'accuser le réalisateur Corin Hardy. Mais quiconque a pu voir son effrayant The Hallow sait que le cinéaste possède un talent foudroyant pour le genre.
Alors jetons notre dévolu sur le scénariste Gary Dauberman, que l'on pensait sur une bonne lancée après le surprenant Annabelle: Creation. Sauf qu'il revient à ses mauvaises habitudes, ne donnant aucune étoffe à ses dialogues et à ses personnages, développant des scènes réussies (l'homme enterré vivant ramène au suffocant Buried) et d'autres assez quelconques. Le manque de cohésion de son script est tel que les segments s'enchaînent n'importe comment, alternant une ellipse inutile du passé à des visions lassantes, des cauchemars peu probants à de l'action confuse et chaotique, où un individu débarque sans aucune logique pendant que l'héroïne chute dans l'eau alors qu'il n'y en avait pas auparavant...
Les acteurs ne s'en laissent toutefois pas imposer et ils tirent tous leur épingle du jeu. C'est notamment le cas de Taissa Farmiga, soeur de Vera, qui est capable de passer par toute une gamme d'émotions à l'aide d'un seul regard terrifié. Demian Bichir en impose de sa prestance naturelle et Jonas Bloquet rappelle qu'il a bien grandi depuis qu'on l'a découvert il y a une décennie déjà dans l'excellent Élève libre. Ce n'était sans doute pas le choix le plus évident pour camper un Canadien Français (un peu plus et on se retrouve avec un film sur la Grande Noirceur), mais le Belge assure malgré tout. Le trio est évidemment plus à l'aise dans un registre dramatique que comique, au grand dam des tentatives d'humour qui tombent rapidement à plat.
Au sein d'une année où le cinéma horrifique a été marqué par des trésors intimistes (Hereditary, A Quiet Place), The Nun ratisse beaucoup plus large, fracassant le box-office presque un an jour pour jour après le triomphe de It. Septembre a décidément le cote pour ce type de production, même si elle n'est, comme dans ce cas-ci, qu'un sous Conjuring, question de nous faire patienter jusqu'au troisième épisode. Mais avant, ce sera les délires d'octobre, avec les nouvelles variations tant attendues de Halloween et, surtout, Suspiria.