Que se passe-t-il avec l'univers cinématographique Conjuring? Après des débuts endiablés, la franchise bat de l'aile et ce n'est pas The Nun II qui va la sauver.
Prenant l'affiche cinq années presque jour pour jour après le populaire mais oubliable premier tome, cette suite ramène Soeur Irène (Taissa Farmiga) et Frenchie (Jonas Bloquet) sur le chemin de Valak, une méchante nonne qui répand le mal en 1956, s'attaquant notamment à un pensionnat de jeunes filles.
Se déroulant dans une France où presque tout le monde parle anglais, le film s'ouvre sur une scène qui donne rapidement le ton. L'esthétisme de grande beauté qui regorge d'ombres et de lumières alimente une introduction somme toute banale : un garçon joue au ballon avec une présence dissimulée dans le noir et un prêtre finit brûlé vif. Le moment de tension tombe à plat et les effets spéciaux laissent à désirer.
Cela se reproduit tout au long du récit, étonnamment verbeux et qui se prend terriblement au sérieux. Le scénario formaté développé par Ian Goldberg et Richard Naing (auteurs du surprenant The Autopsy of Jane Doe et du plus quelconque Eli), et pimenté par Akela Cooper (les délicieux M3GAN et Malignant), n'amène absolument rien de nouveau à ce Mal qui est là pour éprouver les gens, si ce n'est de reprendre la légende de Sainte-Luci à son compte.
Les personnages sans consistance sont campés par des acteurs de talent qui ne savent pas toujours ce qu'ils ont à faire ou à défendre, alors que la mise en scène de Michael Chaves (à qui l'on doit les décevants The Curse of La Llorona et The Conjuring; The Devil Made Me Do It) peine à imaginer des séances de morts satisfaisantes, se perdant dans des sursauts gratuits, des effets chocs prévisibles et des apparitions furtives de Valak. Seule exception: quand Soeur Irène regarde des magazines dont les pages tournent en suivant la cadence du vent, créant des images cauchemardesques.
Conscient de l'ennui en place, la production change complètement de registre dans le dernier tiers du long métrage. La retenue laisse place à une surabondance d'action et de rebondissements. L'ensemble devient plus divertissant, mais également plus excessif, grotesque et ridicule, jusqu'à sa conclusion où une seule petite prière est suffisante pour terrasser cette force démoniaque.
L'intérêt revient ultimement pendant le générique final, grâce au montage intrigant à souhait et à la musique virevoltante de Marco Beltrami. Avant d'être complètement détruit par une des scènes cachées les plus aberrantes de l'ère moderne.
Mis à part les deux premiers épisodes de The Conjuring et Annabelle: Creation, cet univers cinématographique laisse grandement à désirer, et ce neuvième film enfonce le clou davantage, mettant la foi de bien des amateurs de genre à l'épreuve.