Quelle belle occasion manquée! Fort du succès planétaire de The Artist qui lui a notamment valu les Oscars du meilleur film et du meilleur réalisateur, le cinéaste Michel Hazanavicius pouvait tout se permettre. Vers quoi il se tourne? The Search, un banal remake d'un long métrage américain de 1948.
Tout comme dans l'excellent film de Fred Zinnemann, cette nouvelle version concerne un orphelin de guerre qui trouve refuge auprès d'une figure étrangère. Sauf que cette fois, c'est le conflit russe/tchétchène de 1999 qui est abordé, avec ces familles séparées, cette violence omniprésente et ces soldats qui n'ont pas nécessairement toute leur tête.
L'histoire aurait pu se passer sur n'importe quel champ de bataille puisque le scénario est volontairement universel. Il y a des bons et des méchants. Des Occidentaux qui préfèrent penser au nouveau millénaire et une jeune femme forte qui accueille chez elle une des victimes. Des enjeux complexes qui sont réduits à leur plus simple expression, ce qui rend l'ensemble beaucoup trop simpliste.
Déjà que le récit n'est pas exempt de bons sentiments et d'effets tour à tour mélodramatiques, sensationnalistes et misérabilistes. Maître de la comédie, Michel Hazanavicius s'aventure dans le drame pour la première fois et le résultat ne convainc guère. Il a beau avoir le coeur sur la main, l'émotion ne vient pas. Pire, son effort est trop démonstrateur et calculateur. Il couvre trop d'enjeux sans en aborder réellement aucun. Pourquoi avoir ajouté une sous intrigue sur ce soldat russe qui doit aller au front contre son gré? Ça ne fait que marteler le message antiguerre, qui n'était pas le plus subtil.
The Search s'étend peut-être sur 2 heures 30 minutes, cela n'empêche pas les personnages de manquer de profondeur. Ils arrivent difficilement à exister, à transcender les stéréotypes. La relation entre le jeune orphelin (Abdul Khalim Mamutsiev est particulièrement intense même s'il semble apprendre le français plus vite que n'importe qui) et sa protectrice (Bérénice Bejo, plutôt alerte en témoin impuissante) sonne généralement juste. C'est le reste qui fait défaut et qui n'intéresse qu'à parcimonie. Il y a trop de personnages secondaires et si peu de matière à défendre.
Débutant intelligemment à la manière d'un documentaire (et dont la facture visuelle rejoint le film original), l'essai abandonne ce procédé au profit d'une démonstration plus lourde et académique, dont les effets de temporalité ne fonctionnent pas autant qu'espéré. Le réalisme est peut-être criant, les séquences de grand cinéma sont peu nombreuses, au détriment des plans qui auraient pu se retrouver dans une série lourde pour la télévision.
Ambitieux, humaniste, mais malgré tout assez ennuyant par sa trop longue durée et son ton monocorde, The Search fait souhaiter une seule chose: que son créateur demeure dans le genre humoristique, où il est beaucoup plus à l'aise. Quand ses satires sur OSS 117 sont plus crédibles que ce drame, il y a un fâcheux problème.