La tradition se poursuit avec la sortie d'un nouvel épisode - le 5e, déjà! - de The Purge, qui coïncide avec la fête nationale des États-Unis. The Forever Purge ne sera une révolution pour personne, mais un retour aux sources après tant d'années de vaches maigres.
Depuis qu'Ethan Hawke angoissait à outrance dans le premier tome de 2013, cette licence a pris de l'expansion, rapportant des centaines de millions de dollars. Comme quoi les séries B d'exploitation qui titillent le goût pour la transgression et la violence ont la cote. Dommage que chaque nouveau long métrage était moins bon que le précédent : la débâcle étant définitivement atteinte avec l'ennuyant Election Year et l'insultant The First Purge.
The Forever Purge ramène toutefois les pendules à l'heure, étant du même acabit que Anarchy. La première partie ressemble d'ailleurs à une copie carbone avec son introduction intrigante, la multiplication des personnages unidimensionnels auxquels on ne s'attache jamais, les dilemmes moraux primaires et peu subtils, etc. Comme toujours, le créateur James DeMonaco a écrit le scénario et il peine à insuffler des idées saugrenues, des propositions qui sortent de l'ordinaire. Déjà que l'action tarde à venir...
Cela va un peu mieux par la suite quand le film ose s'affranchir de ses conventions. La purge ne se déroule plus pendant une nuit, étant alimentée au quotidien par un sentiment de révolte généralisée. Pas surprenant que l'effort devait prendre l'affiche l'année dernière, sous la gouvernance de Trump. Fiction et documentaire tendent à se confondre, alors que les séances horrifiques sont remplacées par une bonne dose de satire et d'humour noir.
L'histoire ne pousse pourtant jamais assez loin ses thèmes outranciers, dénonciateurs et fédérateurs. La charge apparaît d'ailleurs routinière, presque inoffensive. On demeure très loin de l'implacable et ambigu New Order de Michel Franco. Ironiquement, le terrain de jeu est similaire. La lutte des classes fait tout voler en éclat et c'est au tour du Mexique de devenir la nouvelle terre d'accueil et de paix! Cela vient toutefois avec son lot de dialogues ampoulés sur le racisme, de réflexions creuses sur l'immigration et du traditionnel rappel que c'est en travaillant ensemble - peu importe son sexe et la couleur de sa peau - que l'on peut terrasser l'ennemi...
La mise en scène explosive d'Everardo Gout dynamise heureusement les enjeux. Celui qu'on avait découvert avec le trépidant Dias de Gracia sait filmer les poursuites et les fusillades, empruntant ici les codes du western, multipliant là les hommages aux vieilles productions de monstres comme Frankenstein et Dracula ou aux classiques de John Carpenter (Escape From New York, Assault on Precinct 13). Cela n'empêche pas les faux pas, comme cette séquence de torture issue de Saw et ces incessants sursauts sonores gratuits. Sauf que dans l'ensemble, sa réalisation est plus consciencieuse que la moyenne, surprenant notamment par un vigoureux plan séquence et une utilisation tendue des mélodies des Newton Brothers.
The Forever Purge prêche bien entendu aux convertis. Il n'y a rien d'inédit au menu et un fâcheux sentiment de redite se fait rapidement ressentir. Ce ne sera toutefois pas suffisant pour repousser les fans qui ont soif de ce libérateur plaisir coupable, de ce divertissement qui s'avère nettement plus potable que les précédents. Surtout que ce qui est annoncé comme l'ultime volet dévoile une possible suite qui s'annonce particulièrement terrifiante...