Des films sur l'Holocauste, il y en a eu des centaines. Certains sont si puissants qu'ils ont laissé des marques indélébiles sur nos coeurs de cinéphiles, alors que d'autres, plus faibles, ont été oubliés, malgré la force de leur message, avant même notre sortie de la salle de cinéma. Irena's Vow fait partie d'aucune des deux catégories. Le drame biographique n'est pas du calibre d'un Schindler's List, The Pianist ou La vie est belle, mais il est suffisamment bien réalisé, joué et écrit pour se démarquer dans le paysage cinématographique actuel, peut-être même jusqu'à faire son chemin jusque dans les salles de cours.
Varsovie, 1939. Lorsque les nazis envahissent la Pologne, l'infirmière Irena Gut est déportée et contrainte de travailler pour soutenir l'effort de guerre allemand. Au lieu de suivre la voie facile et de miser sur son statut et son appartenance ethnique pour assurer sa sécurité, Gut risque tout pour sauver une douzaine de réfugiés juifs en les cachant dans la maison de son patron, un commandant nazi.
Le talent québécois est définitivement mis à profit dans cette coproduction entre le Canada et la Pologne. En plus de Sophie Nélisse, principal visage du long métrage, on retrouve Louise Archambault (Il pleuvait des oiseaux, Le temps d'un été) derrière la caméra, tandis que la trame sonore a été composée par la talentueuse pianiste Alexandra Stréliski. Ayant bénéficié d'un budget d'environ 5 millions $ CA, le film de guerre n'a rien à envier aux Américains. Bien sûr, il y a peu de scènes à grand déploiement, avec beaucoup de figurants et d'effets spéciaux, mais jamais on ne sent les restrictions budgétaires. La qualité et le souci du détail sont au rendez-vous dans chaque plan. La réalisatrice nous livre une oeuvre polie (autant dans le sens de « lisse » que de « cordiale ») qui touche la cible.
Sophie Nélisse porte le film sur ses frêles épaules et elle triomphe. Son jeu sincère et puissant captive le cinéphile dès les premières minutes. Même si on pourrait certainement critiquer le manque de crédibilité dans le rendu de cette histoire vraie (les juifs cachés au sous-sol sont un peu trop bien mis pour la situation précaire dans laquelle ils se trouvent), on ne peut que constater l'efficacité scénaristique. Sans être sur le bout de notre siège pendant deux heures, le film nous garde en haleine un bon moment, et nous amène à nous inquiéter pour le sort d'Irena et ses réfugiés clandestins.
Irena's Vow ne délogera pas les grands classiques sur la Deuxième Guerre mondiale, mais il s'installe confortablement en milieu de peloton, entre les chefs-d'oeuvre et les navets. Le film se conclut sur des images de la vraie Irena Gut et des gens qu'elle a aidés, au péril de sa vie. Il y a là un message d'espoir et de tolérance assez fort pour nous laisser dans un état de plénitude, malgré le drame qui s'est joué sous nos yeux au cours des dernières heures.